Depuis que votre parent présente les premiers signes d’agressivité à votre égard, vous ne savez plus comment le gérer. Vous savez qu’il s’agit des effets de la maladie d’Alzheimer mais vous êtes bouleversé par ces accusations sans fondement et ces gestes belliqueux. Parfois, lorsque vous essayez de raisonner, vous avez l’impression que cela excite encore plus sa hargne. Comment réagir avec ce parent que vous aimez ? Cet article vous explique les 5 principales erreurs que commettent souvent les proches d’un malade d’Alzheimer, et comment agir pour réduire l’agitation de ces personnes âgées.

1. Répliquer à l’agressivité par l’agressivité

L’agressivité se développe chez près de 4 personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sur 10. La perte de repères et la confusion produisent une anxiété qui peut se traduire par des comportements agressifs.

Raisonner un proche malade d’Alzheimer : un comportement inutile, voire dangereux

Répondre sur le même ton, argumenter, contredire ou « raisonner » une personne malade risque d’accentuer ses troubles. Le malade traite moins bien les informations : une voix forte ou une posture trop proche peuvent être perçues comme menaçantes et déclencher encore plus d’agitation

Souligner à son proche qu’il se trompe risque également de l’atteindre profondément. En le mettant face à ses contradictions et ses erreurs, cela le renvoie à un sentiment de honte et d’humiliation

aidante qui essaye de raisonner un proche malade d’Alzheimer

Adopter une attitude empathique pour faire baisser l’agressivité

Il est important d’adopter une attitude d’apaisement en se focalisant sur un élément de son discours qui s’appuie sur une réalité. Si l’on ne trouve pas de paroles susceptibles de l’apaiser, il faut changer de sujet en évoquant un projet qui peut lui plaire. 

2. Ne pas s’adapter aux troubles de la personne Alzheimer 

Le déni n’est pas une solution. Laisser les choses empirer, les crises d’agressivité du malade se multiplier sans réagir risque d’accélérer la dégradation de son état. Et de provoquer l’épuisement de ses proches aidants.

Rester vigilant aux changements de comportement du patient

Il faut à l’inverse avoir conscience de l’avancée de la maladie d’un proche pour mieux lui venir en aide. Les aidants doivent présenter une attitude de vigilance, afin : 

  • D’être attentifs aux changements dans le caractère et l’état de santé d’un senior atteint de la maladie d’Alzheimer, 
  • De chercher à adapter leur propre comportement pour répondre aux crises d’anxiété et d’agressivité.

Éviter de mettre la personne Alzheimer face aux conséquences de sa maladie

Renvoyer son proche à la frustration de perdre la mémoire, d’être désorienté, de ne plus trouver les mots est cruel et générateur d’agressivité redoublée. Voici les principaux comportements à éviter :

  • Poser une question compliquée. Il est judicieux de ne poser qu’une seule question dans une phrase, toujours une question fermée. Par exemple, ne pas demander : « que veux-tu manger ce midi », mais plutôt : « pour le déjeuner, tu préfères une escalope de veau avec des frites ou des saucisses-purée ». 
  • Évoquer des événements récents. La maladie d’Alzheimer s’attaque principalement à la mémoire récente. Il faut donc éviter de mettre la personne âgée en difficulté en lui rappelant une activité ou un moment des dernières semaines, dont il risque de ne pas avoir le souvenir.
  • Mettre en avant les effets de la maladie. Demander s’il se souvient de ce qu’il a fait hier, ou ce qu’il a mangé à midi, c’est rappeler de manière insistante au senior malade les effets de sa maladie. 
  • Rappeler la mort de proches. Avec la perte de mémoire, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer peuvent oublier le décès de connaissances. À l’évocation de tel ou tel disparu comme s’il était toujours vivant, il faut éviter de détromper le malade.
  • Infantiliser le malade. Rien n’est plus insupportable pour une personne âgée de se faire traiter comme un enfant. Se montrer trop prévenant, proposer sans cesse son aide, lui parler comme à un bébé ne peut que l’irriter.

3. Changer souvent la routine de la personne souffrant de troubles Alzheimer

Fortement désorientées, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer s’accrochent aux repères d’une routine quotidienne. Ne pas prendre en considération ce besoin de stabilité peut les conduire à une recrudescence d’agressivité.

Instaurer et respecter une routine pour le malade

Une routine claire et immuable diminue les comportements agressifs. Cela repose sur une organisation de la journée claire et régulière.

  • Heures du lever et du coucher,
  • Heures des repas,
  • Heures de passage à domicile d’aides-soignants, de proches, d’aidants,
  • Rituels : soins, télévision, lecture, activités doivent être organisés comme des rendez-vous à heures fixes chaque jour.

Créer un environnement rassurant pour le proche 

Tout ce qui peut permettre à la personne âgée de se repérer dans le temps et dans l’espace est positif. Ainsi, l’aidant peut :

  • Afficher un programme simple de la journée (mots + pictogrammes) ;
  • Apposer des repères visuels (pictogrammes ou photos) dans chaque pièce : étiquettes sur les portes, sur le lavabo, les appareils électroménagers…
  • Mettre en place des éclairages à la fois clairs et doux, en particulier le soir pour prévenir l’angoisse du crépuscule ;
  • Annoncer en phrases simples chaque activité en la découpant en étapes. Par exemple, avant la toilette : « On va d’abord préparer les affaires » ;
  • Réduire les distractions : éteindre la TV pendant les soins, les repas ou toute autre activité, privilégier une seule consigne à la fois.
Aidante qui met en place un environnement rassurant pour le proche 

4. Isoler le malade Alzheimer  

La solitude est délétère pour les personnes souffrant d’une forme déjà avancée de la maladie d’Alzheimer. La désocialisation entamée sous l’effet d’une honte liée à la perte de mémoire se cristallise, laissant la personne âgée en totale déperdition

Organiser des visites au domicile de la personne

La présence ou la visite régulière des aidants est indispensable pour alimenter le lien social. Leur organisation doit être planifiée : 

  • Accueil de jour en unité Alzheimer
  • Interventions d’ergothérapeute, infirmier(ère) libéral(e) à domicile,
  • Organisation d’un planning de visites : passage d’amis, de membres de la famille…

Plus ces visites et activités sont cadrées dans un planning, plus la personne âgée en bénéficiera.

Envisager l’emménagement du patient en EHPAD ou en unité protégée

À un certain stade, la maladie est trop invalidante pour un maintien du malade à son domicile. Il faut alors en discuter avec un médecin et se résoudre à rechercher un établissement adapté.

5. Négliger la communication avec les professionnels concernant les comportements agressifs

L’accompagnement d’un malade Alzheimer est un acte collectif : médecins, soignants, aidants, proches y participent tous. Une erreur souvent commise par des familles est de ne pas communiquer régulièrement avec le médecin traitant du patient. Dès que de nouveaux signes apparaissent chez le malade, en particulier en matière d’agressivité, il est nécessaire d’en informer le médecin. Cela a deux conséquences fondamentales :

  • Un changement de traitement ou de mode de prise en charge peut alors être décidé ;
  • Les aidants ne se sentent pas isolés face à la maladie et participent avec les soignants à son suivi.

C’est dans le partage entre famille du patient et professionnels que se construit au fil du temps la meilleure façon d’aider la personne âgée. Ne pas consulter régulièrement, c’est ainsi s’exposer à :

  • Commettre des erreurs qui peuvent nuire au malade,
  • Une charge mentale et physique insupportable.

Accompagner un proche malade d’Alzheimer c’est d’abord savoir faire preuve d’abnégation et de compréhension. Bien connaître les effets de la maladie permet d’éviter des erreurs qui peuvent aggraver l’agressivité et altérer l’état de santé global du patient.

Sources : 

HAS

France Alzheimer