Votre père de 78 ans n’est aujourd’hui plus capable de rester vivre seul chez lui. La seule solution, c’est un emménagement dans un EHPAD adapté à ses pathologies. Vous ne connaissez pas encore ces structures, et vous vous demandez comment faire pour que votre parent puisse rapidement trouver un hébergement. Cet article explique en détail les conditions nécessaires pour entrer dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et vous donne des conseils pour trouver rapidement une place.

Les 4 conditions majeures pour une entrée en EHPAD 

L’accès aux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes est réservé aux seniors en perte d’autonomie. Voici les quatre éléments à connaître avant de faire une recherche active pour votre proche.

L’EHPAD, un établissement accueillant essentiellement des plus de 60 ans

Contrairement à une idée reçue, il n’existe aucun âge légal minimum pour l’admission en EHPAD. Les textes ne prévoient pas de seuil officiel pour aller en maison de retraite médicalisée. Toutefois, seul 0,7 % des résidents ont aujourd’hui moins de 60 ans (DREES, enquête EHPA 2019). 

senior de 60 ans entrant en EHPAD

Un accès en EHPAD réservé aux personnes en perte d’autonomie

Les EHPAD accueillent des personnes présentant une importante perte d’autonomie évaluée par la grille AGGIR (autonomie gérontologique groupes iso-ressources). Il existe six niveaux de dépendance ou GIR, qui détermine généralement la possibilité d’entrée en établissement :  

  • GIR 1 à 4 : profils majoritairement admis :
    •  GIR 1-2 : dépendance très lourde,
    • GIR 3-4 : dépendance modérée à importante,
  • GIR 5-6 :  Ces deux niveaux identifient une perte d’autonomie très légère à légère. Les personnes dans ce cas ne sont pas prioritaires dans les EHPAD. En pratique, beaucoup d’établissements refusent les GIR 5/6 car ils ne répondent pas aux critères médicaux justifiant une prise en charge adaptée.

Le dossier d’admission unique : l’indispensable passeport pour l’EHPAD

Aujourd’hui, on peut rechercher et candidater dans de nombreux EHPAD en ne remplissant qu’un seul dossier d’admission.

Il s’agit d’un formulaire comprenant un questionnaire médical et les données signalétiques du futur résident. 

Le dossier doit être complété avec un certain nombre de pièces justificatives.

S’assurer des capacités financières de la personne âgée

Avant l’entrée en EHPAD, l’établissement s’assure que le futur résident sera bien en mesure de s’acquitter des factures mensuelles :

  • Soit grâce à des ressources suffisantes,
  • Soit en activant des aides sociales auxquelles il est éligible,
  • Soit en faisant appel à l’obligation alimentaire de sa famille.

Il est donc nécessaire de bien vérifier le coût de l’EHPAD avant de s’y engager.

À quel âge entre-t-on en EHPAD en 2026 ?

S’il n’y a pas d’âge légal pour emménager en EHPAD, de nombreux établissements ne prennent pas de résidents de moins de 60 ans. Mais la dépendance peut toucher de jeunes seniors.

L’admission en EHPAD avant 70 ans : le poids des maladies neurodégénératives précoces

En 2019, 6 % des résidents d’EHPAD et 14 % des personnes hébergées en USLD (unités de soins longue durée) étaient âgés de moins de 70 ans. La quasi-totalité (93 %) souffre de troubles de cohérence sévères, causés par la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées. Leur survenue est précoce et, l’avancée de la maladie plus rapide que chez des octogénaires, nécessitant ainsi une prise en charge en établissement.

Une entrée en EHPAD majoritairement après 80 ans 

Aujourd’hui, c’est en moyenne entre 85 et 86 ans que l’on entre en établissement pour personnes dépendantes. 45 % des entrants sont fortement dépendants, évalués GIR 1 ou GIR 2.  

En 2019, les deux tiers des résidents d’EHPAD et la moitié des personnes hébergées en USLD, unités prodiguant une surveillance médicale constante, avaient plus de 85 ans. La durée moyenne de séjour des hébergés était d’un peu plus (EHPAD) ou un peu moins (USLD) de 2 ans.

Tableau : Âge des résidents d’EHPAD et d’USLD

En EHPADEn USLD
Moins de 70 ans6 %14 %
70-79 ans12,4 %19,8 %
80 – 84 ans14,5 %16,5 %
85 – 89 ans25,7 %22,3 %
90 ans et plus41,4 %27,4 %
Durée moyenne du séjour2 ans et 5 mois1 an et 8 mois

Source : Étude EHPA 2019 de la DREES

À quel âge entre-t-on vraiment en maison de retraite médicalisée ? En moyenne à 85 ans. Il n’y a pas d’âge minimum, et près de 7 % des entrants ont moins de 70 ans. Ce sont l’autonomie, l’état de santé et la sécurité qui déterminent la date d’entrée.

Niveau de dépendance : le rôle déterminant du GIR dans l’admission en EHPAD

Lors de l’admission dans un hébergement spécialisé pour personnes âgées dépendantes, la détermination du niveau de dépendance du senior est indispensable.

Pourquoi l’EHPAD accueille majoritairement GIR 1 à 4 ?

L’EHPAD est conçu pour garantir une prise en charge adaptée aux personnes présentant une perte d’autonomie marquée. Il s’agit d’une structure médicalisée, avec soins, surveillance et accompagnement quotidiens. Comme les demandes excèdent souvent l’offre de places disponibles, les EHPAD privilégient en général les personnes GIR 1 à GIR 4.

Quels hébergements pour les personnes GIR 5 et 6 ?

Une personne évaluée GIR 6 ou GIR 5 est encore largement autonome, et ne souffre pas ou peu de problèmes cognitifs. En général, elle n’est pas admise en EHPAD. Il existe des alternatives préservant leur liberté tout en leur offrant un environnement sécurisé : 

  • Les résidences autonomie et les résidences services,
  • Un maintien à domicile, avec quelques aides ponctuelles,
  • Des unités d’accueil de jour.

Comment faire évaluer le GIR avant l’admission en établissement ?

Pour connaître le GIR avant une admission en EHPAD, c’est en général le médecin traitant qui officiera dans le cadre d’une consultation. S’il estime que son patient a un niveau de dépendance suffisamment prononcé, il peut l’orienter vers une demande de placement en EHPAD.

Il existe également des centres d’évaluation gérontologiques qui évaluent le degré de dépendance du senior. Cette évaluation, réalisée par un infirmier, est complétée par l’avis d’une assistante sociale ou d’un psychologue.

À l’entrée en établissement, une évaluation du niveau de GIR est également effectuée par l’équipe socio médicale de l’EHPAD, sous la responsabilité du médecin coordonnateur.

Tableau : probabilité d’admission en EHPAD selon le niveau de GIR

NIVEAU DE GIRADMISSION EN EHPADALTERNATIVE
GIR 1 À 2SystématiqueUnité de soins longue durée (USLD)
GIR 3 À 4Probable à très probableMaintien à domicile avec accompagnement (plan d’aide)
Accueil de jour
GIR 5 À 6FaibleRésidence autonomie/service
Maintien à domicile 

Quel dossier d’admission en EHPAD en 2026 ?

Les personnes âgées ou leurs proches sont tenus de fournir un certain nombre de documents et de remplir des formulaires spécifiques pour être admis dans un établissement d’hébergement pour personne âgée dépendante.

Un dossier d’admission administratif

Le dossier administratif est constitué d’un ensemble de pièces justifiant de l’identité de la personne âgée ainsi que de ses droits et ses ressources. Il comprend :

  • Une pièce d’identité, 
  • Une photocopie de son livret de famille,
  • Sa carte vitale, l’attestation de l’Assurance Maladie, ainsi que sa carte de mutuelle s’il en dispose d’une,
  • Son avis d’imposition,
  • Les justificatifs de ses ressources financières (pensions de retraite, revenus immobiliers, etc.),
  • Éventuellement, si le senior est placé sous statut protégé, les coordonnées du représentant légal.

Ces pièces accompagnent le formulaire de « demande unique en vue d’une admission temporaire ou permanente en EHPAD ». Ce formulaire Cerfa 14732*03 est constitué de deux volets : le dossier administratif proprement dit, reprenant les informations des pièces justificatives, et un questionnaire médical.

constitution du dossier d'admission unique en EHPAD

Un dossier médical 

Les documents administratifs sont accompagnés d’un questionnaire médical, généralement renseigné par le médecin traitant ou par le responsable de son évaluation GIR. Ce questionnaire donne des détails précis sur :

  • L’état de santé du senior,
  • Les traitements auxquels il est soumis,
  • La nature et les symptômes de troubles cognitifs éventuels,
  • Son niveau de dépendance,
  • Les risques médicaux potentiels.

Ce document peut être accompagné d’une description des troubles et du diagnostic précis de la personne.

Les pièces complémentaires éventuellement requises pour l’admission

Les personnes placées sous tutelle ou curatelle se voient demander le jugement du juge des contentieux de la protection.

De plus, certains établissements demandent ou suggèrent de fournir :

  • Une liste des proches de la personne avec leurs coordonnées,
  • Un document résumant les directives anticipées en matière de fin de vie.

Checklist : les documents indispensables pour l’admission en EHPAD 

  • Pièces d’identité
  • Couverture sociale
  • Justificatifs de ressources et avis d’imposition
  • Dossier administratif et questionnaire médical
  • Contacts familiaux

Les conditions financières pour l’entrée en EHPAD

Les tarifs des EHPAD varient sensiblement selon différents critères : statut public ou privé, localisation, niveau de standing. Il est donc essentiel de vérifier avant son admission si la personne dépendante dispose des ressources suffisantes pour subvenir aux frais de son hébergement.

Les trois blocs tarifaires en EHPAD

L’EHPAD facture trois éléments correspondant à ses trois missions :

  • Un tarif hébergement comprenant le loyer de la chambre, le service « hôtelier » (blanchisserie, repassage, ménage, repas) et certaines animations et activités ;
  • Un tarif dépendance, couvrant les frais de l’accompagnement de la dépendance : aides au lever, au coucher, aux repas, à la toilette…
  • Un tarif de soins, entièrement pris en charge par l’Assurance maladie.

Le rôle des aides financières en EHPAD 

En 2025, le coût moyen d’un hébergement en EHPAD est de 2 630 € par mois. Tous les résidents n’ont pas les ressources suffisantes pour couvrir ces frais. C’est pourquoi existent différentes aides qui permettent à toute personne dépendante, si elle en a besoin, d’être hébergée en établissement.

  • L’Allocation personnalisée autonomie (APA en établissement), dédiée à la prise en charge de la dépendance, couvre une partie du tarif dépendance. Attribuée sans condition de ressources aux personnes GIR 1 à 4, son montant est quant à lui modulable selon les revenus du bénéficiaire.
  • L’Aide sociale à l’hébergement (ASH) permet aux personnes dont les ressources sont très modestes d’avoir une place en EHPAD. L’ASH couvre le reste à charge. Une condition : que la personne réside dans un EHPAD habilité à l’aide sociale.
  • Les aides au logement : aide personnalisée au logement (APL) ou aide au logement sociale (ALS), délivrées sous conditions de ressources, viennent également alléger la facture d’hébergement.

Ces trois aides peuvent couvrir jusqu’à 80 % des frais de l’EHPAD. 

Enfin, les personnes imposables bénéficient également d’une réduction d’impôt sur leurs dépenses d’hébergement en EHPAD, dans la limite de 2 500 € par an.

La participation financière de la famille

Les membres de la famille du résident peuvent participer financièrement aux frais de son hébergement. Ils peuvent alors bénéficier d’une réduction d’impôt au titre de la pension alimentaire.

Cette participation peut aussi être obligatoire : si la personne âgée a des ressources insuffisantes pour couvrir le coût de l’EHPAD et demande l’ASH, le conseil départemental qui la délivre peut demander aux différentes proches du senior de faire droit à leur obligation alimentaire.

Que faire en cas de ressources insuffisantes ? 

Ainsi, si le résident ne dispose pas des ressources nécessaires pour payer son loyer mensuel, il peut :

  • Résider dans un EHPAD habilité à l’aide sociale et demander l’ASH,
  • Demander une participation financière des membres de sa famille au titre de l’obligation alimentaire,
  • Et cumuler les aides financières auxquelles il est éligible.

Par exemple, Marie-Christine, 87 ans, dispose de 1 000 € de revenus par mois. La chambre dans son EHPAD habilité à l’aide sociale coûte 2 200 € par mois.

Elle touche l’APA à hauteur de 600 €, et 200 € au titre de l’APL.

Il reste donc 1 400 € à financer. Elle peut payer 900 € sur ses revenus afin qu’il lui reste 10 % de ceux-ci pour des petites dépenses. Comme elle n’a pas de famille proche, l’ASH couvrira le reste à charge, à savoir 500 €.

Quels sont les délais pour obtenir une place en EHPAD ?

Une fois que la décision est prise de placer un proche dans un établissement spécialisé, trouver le « bon » EHPAD peut prendre un certain temps.

Les délais d’admission moyens en EHPAD 

Selon les régions, les délais pour obtenir une place en maison de retraite peuvent aller de 2 semaines à plusieurs mois.

À titre d’exemple, en 2019, le délai d’attente entre la réception du dossier de demande d’admission et la date effective d’entrée dans l’établissement était de :

  • 1 mois ou moins dans 62 % des cas,
  • Entre 1 et 2 mois pour 10,4 % des résidents,
  • Entre 2 et 3 mois : 6 %
  • De 3 mois à 1 an : 14,2 %
  • Plus de 1 an : 7,3 %.

Quelles démarches en cas d’urgence ? 

Dans certains cas, la personne âgée ne peut plus rester chez elle et nécessite un placement en urgence dans un EHPAD adapté : sortie d’hôpital, aggravation rapide de son état cognitif… 

Les services sociaux hospitaliers et les assistantes sociales peuvent vous aider à accélérer les démarches d’admission. S’il s’agit d’un placement pour une personne jusque-là restée à domicile, on peut contacter le centre communal d’action sociale. Une assistante sociale vous aidera à trouver l’établissement disposant de places libres.

Peut-on placer une personne âgée en EHPAD sans son consentement ?

Parfois, la personne âgée ne peut plus rester chez elle, mais refuse catégoriquement un placement en EHPAD. A priori, on ne peut se passer de son acceptation. Toutefois il existe une procédure qui permet de le faire entrer en EHPAD sans consentement

La procédure est encadrée par la loi, uniquement si la sécurité de la personne âgée est en jeu et qu’elle n’a plus ses capacités cognitives. Il faut dans un premier temps demander la mise sous tutelle de la personne âgée, puis, lorsque celle-ci est sous statut protégé, retourner vers le juge du contentieux de la protection pour qu’il valide le placement.

Comment maximiser les chances d’obtenir rapidement une place en EHPAD 

Afin de réagir rapidement et de pouvoir aider votre proche à emménager dans un établissement où il trouvera un cadre de vie sûr et adapté à son état, vous pouvez chercher à anticiper vos démarches.

1. Déposer plusieurs demandes d’admission simultanées 

Multiplier les demandes augmente les chances. Les délais d’entrée varient selon les établissements. En élargissant votre champ de recherche à des établissements de localisations et statuts différents, vous optimisez la possibilité d’une acceptation rapide.

2. Faire évaluer rapidement le GIR

Une évaluation rapide par le médecin traitant permet de légitimer la recherche d’un établissement et d’accéder plus rapidement aux aides financières.

3. Effectuer les demandes d’aides financières 

APL, ASH, APA : effectuez des simulations sur le montant global des aides auxquelles a droit votre proche. Cela vous permet de fixer un budget maximal. Préparez les dossiers de demande.

4. Faire appel à un conseiller du conseil départemental

Les centres communaux d’action sociale (CCAS), qui dépendent du conseil départemental, connaissent toutes les démarches nécessaires, et peuvent vous aider à rédiger des demandes d’admission, des demandes d’aides sociales, voire vous aiguiller vers des EHPAD disponibles.

En résumé : ce qu’il faut retenir pour entrer en EHPAD

Les 5 points clés à connaître pour l’admission en EHPAD

  • Aucun âge minimum légal
  • GIR 1 à 4 prioritaires
  • Dossier administratif + dossier médical indispensables
  • Aides financières possibles (APA, ASH, APL)
  • Délais d’admission variables selon les localisations, les statuts et le standing des établissements.

Mini checklist : les indispensables pour une admission rapide

  • Évaluation GIR
  • Documents administratifs
  • Questionnaire médical
  • Simulation financière avec les aides sociales
  • Dépôt du dossier unique dans plusieurs établissements

FAQ

Quel âge faut-il avoir pour entrer en EHPAD ?

Il n’y a pas d’âge minimum légal. L’admission dépend surtout de la perte d’autonomie et de l’état de santé. Toutefois, la plupart des EHPAD donnent la priorité aux personnes de 60 ans et plus.

Faut-il être dépendant (GIR 1 à 4) pour être admis en EHPAD ?

La plupart des admissions concernent les GIR 1 à 4. Les GIR 5/6 sont plus souvent orientés ailleurs.

Quels documents faut-il pour un dossier EHPAD ?

Document d’identité, couverture Assurance maladie, niveau et justificatifs de ressources, dossier administratif médical et coordonnées du référent.

Quel est le coût d’un EHPAD et quelles aides peut-on demander ?

Le coût moyen d’un hébergement en EHPAD est situé entre 2 000 et 3 000 €/mois selon la région, le statut et le standing. Les principales aides sociales sont l’APA, l’ASH et l’APL.

Peut-on entrer en EHPAD sans consentement ?

Oui, mais seulement dans des situations extrêmes, sous conditions légales strictes, après intervention du juge du contentieux de la protection.

Quels sont les délais pour obtenir une place en maison de retraite ?

De quelques semaines à plusieurs mois selon la région et l’urgence.

Comment est évaluée la dépendance avant une admission ?

Par la grille AGGIR, généralement via le médecin traitant et/ou le médecin coordonnateur de l’établissement.

Que faire si mon parent ne peut pas payer l’EHPAD ?

Se tourner vers le conseil départemental qui distribue l’ASH. Ce dernier pourra faire jouer le principe de l’obligation alimentaire.

Quelle différence entre EHPAD et maison de retraite non médicalisée ?

L’EHPAD assure les soins médicaux et l’accompagnement de la dépendance, la résidence autonomie ou la résidence service vise les personnes encore indépendantes, en leur offrant un cadre sécurisé.