Vous remarquez chez votre parent des oublis récurrents, une perte d’énergie ou des difficultés pour accomplir les gestes du quotidien, et cela vous fait hésiter : faut-il intervenir maintenant ou attendre encore un peu avant d’envisager une entrée en EHPAD ? Ce questionnement est naturel et nécessite de bien évaluer la situation afin de choisir la solution la plus adaptée. Voici quelques éléments pour mieux comprendre les signes à surveiller et vous aider dans cette décision qui n’est pas simple.

1. Évaluer la situation de votre proche

C’est l’étape la plus importante. Votre parent peut-il encore réaliser seul les gestes essentiels du quotidien, comme se lever, se laver, s’habiller et préparer ses repas ? Sachez que la grille AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupes Iso-Ressources) est un outil utile pour mesurer ce degré d’autonomie. A-t-il des maladies comme Alzheimer ou des troubles moteurs qui compliquent sa vie ?

Si les besoins restent modérés, une aide à domicile peut suffire. En revanche, si la dépendance augmente, un EHPAD pourrait offrir un accompagnement médical plus adapté.

senior ayant besoin d'une aide à domicile pour accomplir les gestes du quotidiens

2. Identifier les besoins médicaux et soins quotidiens

Votre parent a-t-il besoin d’un suivi médical régulier, de soins spécifiques et d’une surveillance particulière ? Une aide à domicile peut accompagner la prise de médicaments, mais ne remplace pas une présence médicale constante. En EHPAD, le personnel est là jour et nuit pour répondre rapidement aux besoins de santé. Si les soins deviennent trop lourds à gérer à la maison, l’établissement peut être une meilleure solution pour continuer d’assurer sa sécurité et son bien-être.

3. Faire le point sur le soutien familial existant

La famille est-elle disponible pour aider régulièrement ? Avez-vous le temps et l’énergie pour accompagner votre parent au quotidien ? L’aide à domicile fonctionne bien quand les proches peuvent assurer un relais. Cependant, si ce soutien diminue ou devient trop lourd pour vous, l’EHPAD offre une présence professionnelle et constante, un soulagement pour la famille comme pour la personne âgée.

4. Analyser les ressources disponibles au sein de la famille

Quels sont les moyens financiers dont vous disposez ? Pour bien préparer cette étape, faites l’inventaire de toutes les sources de revenus potentielles : pension de retraite, revenus de capitaux, économies, location ou vente de l’ancien logement, prêt viager, assurance-vie, assurance dépendance, ou encore aide financière des proches. N’oubliez pas que l’obligation alimentaire peut aussi être mise en œuvre, notamment entre parents et enfants.

Pour une entrée en EHPAD, l’APA peut aussi vous être utile : elle contribue à réduire le coût dépendance, c’est-à-dire la partie des frais liée à l’accompagnement des besoins de la personne âgée (aide aux gestes quotidiens, surveillance, etc.).

D’autres aides financières peuvent être explorées, comme l’aide sociale départementale, notamment l’ASH, l’APL sous certaines conditions ou encore les aides de la caisse de retraite.

seniors découvrant les aides pour un EHPAD

5. Prendre en compte la sécurité au domicile

Votre parent est-il en sécurité chez lui ? Y a-t-il un risque de chute ou d’oubli dans la prise de médicaments ? L’aide à domicile permet une surveillance régulière, mais pas une présence 24 h/24. L’EHPAD, lui, assure une sécurité constante avec un personnel formé. Si le maintien à domicile de votre proche est toujours possible, vous pouvez envisager d’aménager son logement pour limiter les risques

  • installation de barres d’appui ;
  •  suppression des tapis glissants ;
  • éclairage renforcé
  • dispositifs d’alerte médicale.

Ces adaptations peuvent grandement améliorer la sécurité au quotidien et permettre à votre parent de rester chez lui plus longtemps.

6. Considérer les souhaits et le ressenti de votre parent âgé

Il est important de prendre en compte les ressentis de votre parent. L’impliquer dans la décision, c’est respecter sa dignité et faciliter son adaptation. Que souhaite-t-il vraiment ? Préfère-t-il rester dans son environnement familier, même avec des aides ? Ou serait-il plus à l’aise en structure collective, avec des activités et un encadrement ? Si une entrée en EHPAD lui semble être appropriée, demandez-lui aussi quels types d’activités il souhaite pouvoir pratiquer. 

🔎 À noter : s’il n’est plus en mesure de prendre de décision, en raison d’une maladie d’Alzheimer ou d’une situation de handicap par exemple, il faudra alors s’appuyer sur les volontés exprimées précédemment ou envisager une mise sous protection juridique (curatelle ou tutelle), décidée par le juge des affaires familiales.

7. L’importance des interactions sociales pour votre parent

Lorsque l’on vieillit, on peut rapidement se retrouver isolé, surtout si la famille ou les amis sont loin ou peu disponibles. Ce manque de lien social peut peser sur le moral, aggraver les troubles cognitifs ou même la santé physique. Une aide à domicile peut permettre de maintenir un contact régulier et un accompagnement dans les sorties, mais l’EHPAD offre une vie collective plus riche en interactions, avec des activités, des animations et la présence quotidienne d’autres résidents et du personnel.

Votre parent semble-t-il se sentir seul ou isolé ? Présente-t-il des signes de dépression ? Y a-t-il suffisamment de passage à la maison durant la journée ? Selon la réponse à ces questions, vous pourrez choisir entre une aide à domicile ou un EHPAD.

Comment faire une demande d’aide à domicile ?

Si, selon votre évaluation et celle du médecin, l’aide à domicile semble être la solution la plus adaptée pour votre parent, il est temps d’entamer les démarches administratives pour organiser son accompagnement au quotidien.

  • Contactez le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) ou le Conseil Départemental.
  • Remplissez un dossier de demande d’aide à domicile (un professionnel de santé peut vous aider).
  • Une évaluation à domicile est organisée pour définir les besoins.

Comment faire une demande d’entrée en EHPAD ?

Si le maintien à domicile devient trop difficile, l’entrée en EHPAD peut être envisagée. Voici les démarches à suivre afin de préparer au mieux cette transition.

  • Renseignez-vous auprès du service social du Conseil Départemental ou de la mairie.
  • Constituez un dossier avec pièces justificatives, avis médical et demande officielle.
  • Contactez les EHPAD qui vous paraissent bien pour votre proche, ou envoyez des demandes directement via la plateforme en ligne ViaTrajectoire, qui permet de transmettre un seul dossier à plusieurs EHPAD en un seul clic.
  • Une fois l’admission validée, un contrat est signé avec l’établissement.

Une étape de vie à préparer en douceur pour la personne âgée

Quelle que soit votre décision, un placement en EHPAD ou une aide à domicile, assurez-vous qu’elle corresponde aux besoins réels et au bien-être de votre parent, pour qu’il ou elle puisse avancer avec confiance et entouré(e) de ce qu’il y a de plus rassurant.

Bien vieillir, c’est aussi pouvoir choisir comment vivre cette étape, avec le plus de sérénité possible. La perte d’autonomie, lorsqu’elle survient, ne devrait pas être synonyme de perte de dignité ni de liberté, mais inciter à repenser l’accompagnement et les solutions pour préserver la qualité de vie.

Vous pouvez également faire un test : l’hébergement temporaire propose des séjours courts, idéaux pour découvrir le cadre de vie en douceur, évaluer les services proposés et permettre à la personne de s’adapter progressivement avant un éventuel séjour permanent.

D’autres solutions peuvent aussi être explorées, comme les établissements d’hébergement pour personnes dépendantes, les résidences-services seniors ou encore l’accueil familial. L’essentiel est de prendre le temps de comparer ces options en tenant compte du niveau d’autonomie, des envies et habitudes de la personne, ainsi que du budget.

CritèreAide à domicileEHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes)
AutonomieParent autonome ou avec une perte légère à modéréePerte d’autonomie importante, nécessitant un accompagnement constant
Soins médicauxSoins simples assurés par des intervenants extérieurs (infirmiers, médecins)Suivi médical assuré 24h/24 par un personnel soignant sur place
Sécurité au quotidienSécurité améliorée par des aménagements et une présence ponctuellePrésence continue du personnel formé, sécurité assurée jour et nuit
Soutien familialIndispensable en complément (relai, coordination, visites régulières)Moins sollicité au quotidien, soulagement pour les proches
Isolement socialRisque d’isolement si peu de visites ou de sortiesVie sociale encadrée, animations et interactions régulières avec d’autres résidents
Souhaits du parentConvient si la personne souhaite rester chez elleÀ envisager si le cadre collectif est accepté ou souhaité
CoûtVariable selon le nombre d’heures d’aide ; aides possibles (APA, aide sociale, etc.)Coût plus élevé en général, mais compensé en partie par des aides (APA, ASH, APL, etc.)
Adaptabilité de la solutionSouple et évolutive ; possibilité d’ajouter des services au fil du tempsSolution plus stable mais plus engageante ; hébergement temporaire possible en phase test
Décision juridiquePlus facile à organiser tant que la personne peut exprimer sa volontéPeut nécessiter une protection juridique (curatelle/tutelle) si la personne ne peut décider