Résidente en EHPAD depuis quelques mois, atteinte de la maladie d’Alzheimer, votre mère ne vous reconnaît pas toujours lorsque vous allez la visiter. Il arrive également qu’elle se montre totalement désorientée, ne sachant plus où elle se trouve. Pour vous, ces scènes sont un crève-cœur, et vous imaginez quelle terreur doit s’emparer d’elle dans ces moments. Comment réagir alors ? 

Vous devez apprendre à communiquer différemment, à gérer cette maladie sans blesser votre parent. Voici ce qu’il faut savoir sur la manière d’accompagner votre mère sans la brusquer, et l’aider à retrouver une certaine sérénité dans des moments d’angoisse intense.

Empathie et compréhension : les clés pour rassurer une personne Alzheimer désorientée

Anxiété et angoisse sont la résultante d’une mémoire défaillante et d’une perte de repère de plus en plus persistante chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de troubles apparentés. Les facultés de raisonnement s’amenuisent, rendant de plus en plus difficile la capacité de se rendre compte de ses erreurs de jugement et de perception. 

Pour rassurer une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer qui se sent perdue, vous devez tout d’abord adopter une attitude calme, rassurante et patiente. Le mieux est d’adopter une écoute empathique, en validant ses émotions sans forcément rectifier ses propos. Les efforts de l’aidant pour que son parent se sente en confiance passent par une communication bienveillante, adaptée à sa situation. 

Femme qui fait preuve de compréhension pour calmer anxiété et angoisse de son proche atteint d'Alzheimer

Adapter sa communication avec une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer

Avec un proche souffrant de la maladie d’Alzheimer à un stade déjà avancé, il est indispensable de maîtriser ses interactions. Trois grands principes doivent présider à la manière de communiquer avec lui, afin de ne pas le blesser ni le peiner.

1. Donner constamment des repères au malade

Il faut essayer de se mettre à la place de son parent, d’imaginer ce que ressent un malade Alzheimer dont la maladie fait perdre les repères fondamentaux. Qui est-elle, qui est la personne qui lui parle, quel est l’environnement où elle se trouve ? Autant de questions qui, lorsqu’elles se posent à elle, génèrent une forte angoisse.

Afin d’y répondre, il est important de nommer régulièrement les personnes et l’endroit où l’on se trouve. Ainsi, dès le premier moment de la rencontre, on peut être explicite : « Bonjour Maman, c’est moi, Hélène, ta fille ». De même, des précisions sur le lieu où se trouvent les protagonistes (domicile, maison de retraite…), ainsi que le moment de la journée et de l’année sont aussi des indicateurs qui peuvent aider le malade à s’accorder avec la réalité. Ces éléments répétés régulièrement dans la conversation fixent un cadre sécurisant.

Qu’importe si votre proche refuse certaines des données avancées (« je n’ai pas de fille » ou « tu n’es pas ma fille » par exemple). Il ne s’agit pas d’insister au risque de le fâcher ou de blesser. Quelle que soit sa réaction, n’y attachez pas d’importance, conservez toujours un ton calme et empathique

2. Échanger avec son proche sans parler

Les mots sont parfois compliqués à comprendre pour une personne atteinte d’Alzheimer. On l’a vu, ils peuvent susciter de la colère, de la frustration, et surtout de l’incompréhension. Il est possible de faire passer son amour pour son parent par d’autres voies. Le contact visuel est primordial : en accrochant le regard de son proche, on obtient son attention, on génère des émotions.

Sourire, ne pas adopter de mimiques contrariées ou trop sérieuses, permet à la personne âgée de se sentir en confiance. En phase de désorientation aiguë, cette pratique axée sur la communication corporelle et non verbale peut aboutir à un apaisement du malade.

3. Éviter l’évocation de souvenirs récents avec votre proche

Les premières atteintes de la maladie d’Alzheimer portent sur la mémoire à court terme. La personne qui en est atteinte ne retient plus les informations les plus récentes, ne se souvient plus de ce qu’elle a fait quelques heures auparavant. Cela peut générer beaucoup de frustration et de désespoir.

Afin d’éviter de mettre son parent en situation d’échec, il est préférable d’évoquer des moments plus anciens, revenir à l’histoire de la famille, à l’enfance et la jeunesse de la personne. Des photos d’époque, des documents anciens peuvent être montrés afin de raviver des souvenirs, si possible positifs. Placer ainsi le senior atteint de troubles cognitifs dans un environnement mémoriel solide et heureux contribue à lui faire retrouver un cadre rassurant et confortable.

Senior ayant Alzheimer qui redécouvre des photos d'époque

4. User du « mensonge thérapeutique » pour rassurer la personne âgée

Lorsqu’un parent commence à raconter des événements qui n’ont jamais existé, à inventer des histoires ou à nier des réalités déjà anciennes, ses proches sont souvent démunis, déchirés, parfois choqués. La première réaction est de tenter de rétablir la « vérité ». Le risque est alors de faire de la peine ou de révolter le malade : il croit dans la réalité de ce qu’il avance et n’a plus les capacités cognitives de la remettre en question.

Il est totalement inutile de chercher à argumenter avec son proche. C’est inutile — cela ne fera pas revenir sa mémoire — et souvent pénalisant pour lui. Le « mensonge thérapeutique » a été pensé pour ces situations. L’aidant accepte la réalité alternative de son parent et s’en empare pour le rassurer et ne pas entrer dans une confrontation forcément néfaste. 

Par exemple, à une personne âgée qui déclare attendre l’arrivée de son conjoint, décédé depuis une dizaine d’années, l’aidant peut prétendre que celui-ci l’a prévenu qu’il ne pourrait pas venir, ou arriverait en retard. Cela permet de parler d’autres choses et au malade d’oublier cette illusion

Créer les conditions d’une vie sécurisante avec Alzheimer

Au-delà de ces approches axées sur la communication, le meilleur moyen d’offrir à son parent atteint de la maladie d’Alzheimer la vie la moins angoissée possible est de lui proposer un cadre et des activités adaptés à sa situation :

  • Maintenir un environnement sécurisant et familier. Qu’elle vive à domicile ou dans un EHPAD, la personne âgée doit pouvoir trouver des repères mémoriels rassurants et confortables : objets, photos, meubles familiers.
  • Mettre en place des routines : en établissement, la vie y est rythmée par de nombreux événements réguliers, du lever au coucher. À domicile, ceux-ci doivent être également organisés et donner des repères clairs dans la journée.
  • Proposer des activités adaptées à la maladie : stimulations cognitives, jeux de l’esprit, art-thérapie, etc.
  • Encourager le lien social : en établissement, cela se fait naturellement. Pour les personnes maintenues à domicile, des visites fréquentes, des sorties organisées peuvent aider à rompre l’isolement.

Accompagner sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer qui ne sait plus où elle est nécessite patience, douceur et organisation. Prendre sur soi pour adopter une communication adaptée est le meilleur service à rendre à son proche. Dans un environnement organisé pour limiter les effets délétères de sa maladie, cela participe à apaiser ses angoisses et à lui rendre la vie moins compliquée.