Voir votre parent perdre son appétit et maigrir vous crève le cœur. La maladie d’Alzheimer dont il souffre déjà depuis un an semble être à l’origine de cette nouvelle phase. Son médecin vous a donné quelques conseils pour qu’il puisse rester à domicile tout en retrouvant un poids correct. Mais vous avez du mal à rétablir la situation et chaque repas devient une épreuve de force très stressante. Vous trouverez dans cet article l’explication de cette perte d’appétit ainsi que des conseils pour redonner à votre proche l’envie de s’alimenter.

Les effets de la maladie d’Alzheimer sur l’appétit des patients

La perte d’appétit chez les personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées est fréquente. Selon l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) qui s’appuie sur des études américaines de 2008, près de 40 % des patients souffrent de dénutrition.

Maladie d’Alzheimer : une perte de repères

La maladie d’Alzheimer altère la mémoire, le jugement et les repères sensoriels. Cela tient en particulier à une atrophie progressive de l’hippocampe. Cette petite zone située dans le lobe temporal médian du cerveau joue un rôle central dans la mémoire, l’apprentissage, la concentration et le repérage dans l’espace. Son atteinte peut ainsi engendrer des pertes de mémoire. Ainsi, un malade peut oublier d’avoir mangé. 

Les malades risquent de ne plus reconnaître les aliments, ne plus sentir les goûts ou les odeurs, de confondre les couverts, de craindre d’avaler. Ces troubles du comportement peuvent s’accompagner d’anxiété ou d’agitation, ce qui perturbe d’autant la prise de repas. 

Senior qui a oubliée de manger

Perte d’appétit : un phénomène courant chez les personnes âgées

La maladie d’Alzheimer intervient généralement chez des personnes âgées. Or celles-ci souffrent souvent, du simple effet de l’âge, de troubles influant déjà sur une perte potentielle de l’appétit :

  • Baisse de la capacité à percevoir le goût et les odeurs des aliments,
  • baisse de la vue : la couleur est, avec le goût et l’odeur, l’un de facteurs d’appétit,
  • Problèmes de dentition,
  • Sensation de bouche sèche, voire troubles de la déglutition,
  • Effets secondaires de la prise de médicaments,
  • Une diminution des capacités physiques éloigne également les seniors de la cuisine, ou les conduit à simplifier leur alimentation au risque d’une baisse de la variété alimentaire.

La maladie d’Alzheimer vient donc amplifier le phénomène, pouvant conduire à de graves conséquences sur la santé et les perspectives vitales des patients.

Quels symptômes doivent alerter sur une perte d’appétit ?

Que la personne vive à domicile et bénéficie des soins de professionnels ou dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), il est important de surveiller l’éventuelle survenue de signes d’une perte d’appétit pouvant conduire à une dénutrition, et en particulier :

  • Une perte de poids : le patient perd plus de 5 % de son poids habituel en 1 à 3 mois sans raison apparente ;
  • Fatigue et perte de capacité physique ;
  • Une peau plus sèche ; 
  • Une chute de cheveux plus importante qu’habituellement ; 
  • Des troubles digestifs : constipation, diarrhées fréquentes… ; 
  • Un ralentissement de la cicatrisation lors d’éventuelles coupures, ou des hématomes qui ne disparaissent pas.

D’autres conséquences d’une dénutrition sont plus difficiles à percevoir chez les personnes atteintes d’Alzheimer comme les troubles de l’humeur ou de la concentration, inhérents à la maladie.

Les conséquences de la dénutrition chez les personnes malades d’Alzheimer

L’apparition de l’un ou de plusieurs de ces symptômes doit être prise au sérieux et nécessite d’en parler à un médecin. En effet, les risques d’une dénutrition chez une personne âgée atteinte d’Alzheimer peuvent être graves. Ils peuvent en effet conduire à :

  • Une forte augmentation des risques d’infection, de par un affaiblissement des défenses immunitaires ;
  • L’aggravation des maladies éventuelles dont est sujet le patient, et en conséquence un risque de mortalité plus fort ; 
  • Une diminution de la masse musculaire, affaiblissant les capacités physiques de la personne. Cela aggrave la perte d’autonomie et augmente le risque de chutes ;
  • Une accélération des symptômes liés à la maladie d’Alzheimer : dégradation de la santé mentale, de la mémoire, risques de dépression accrus.
Senior qui a une accélération des symptômes liés à la maladie d’Alzheimer

Comment aider un malade d’Alzheimer à retrouver l’appétit ?

En cas de diminution ou de perte d’appétit d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, il est nécessaire de l’aider à manger et à retrouver un appétit suffisant pour sa santé. Cela passe par une série d’actions et de modifications qui vont lui permettre de reprendre goût à l’alimentation.

Permettre aux personnes âgées de retrouver une alimentation suffisante 

  • Inscrire les repas dans un rituel, une routine bien intégrée par le patient. En faisant de ces rendez-vous quotidiens du matin, du midi et du soir, à heures fixes, des étapes immuables structurant la journée, on diminue les risques d’anxiété, conduisant à des comportements agités peu propices à une prise alimentaire.
  • Travailler l’attrait sensoriel des plats. Couleurs tranchées dans l’assiette, assiettes contrastées avec la table, arômes familiers, textures fondantes. La stimulation olfactive augmente l’appétit chez de nombreux patients. 
  • Fractionner la prise de repas. Devant le refus d’un malade de manger une partie de ce qui se trouve dans son assiette, on peut proposer 5 à 6 petites prises par jour.
  • Augmenter la qualité nutritive des repas. On peut en effet proposer des collations riches en calories et protéines (yaourts entiers, fromages, œufs, beurres d’oléagineux, compotes enrichies).
  • Simplifier la prise du repas. Si la personne est suffisamment autonome pour se nourrir elle-même, lui préparer la prise alimentaire l’aidera : donner la serviette, ouvrir les produits en barquettes ou en pots, couper les aliments…
  • Stimuler le patient. Souvent, les malades d’Alzheimer ne reconnaissent plus les aliments ou sont désorientés. L’aidant peut alors nommer les gestes à pratiquer (prendre la fourchette, piquer le morceau…) ainsi que les aliments, le guidant ainsi.
  • Traiter les problèmes de déglutition. Si une dysphagie est suspectée, demandez une évaluation orthophonique ; adaptez les textures (haché, mouliné, mixé lisse), proposez des boissons légèrement épaissies.
  • Utiliser du matériel favorisant l’autonomie : couverts ergonomiques, assiettes et bols antidérapants, verres anti-renversement, colorés pour être bien repérables.
  • Hydrater sans forcer. Eau, soupes, tisanes, eaux gélifiées, fruits juteux. Le malade doit pouvoir avoir accès à une boisson à portée de main toute la journée.

9 conseils pratiques pour stimuler l’appétit d’un malade d’Alzheimer

  • Servir d’abord une petite portion et resservir si le patient termine.
  • Ajouter systématiquement des calories « invisibles » : huile, fromage râpé, lait en poudre.
  • Servir les protéines tôt dans la journée (au déjeuner) quand la personne dispose encore d’une bonne énergie.
  • Installer le patient près d’odeurs agréables (cuisine ouverte, herbes aromatiques).
  • Mettre une musique douce, connue du malade. De même, réduire les bruits et éteindre la TV si elle est allumée pour ne pas nuire à la concentration du senior.
  • Transformer les fruits et légumes en veloutés, compotes ou mousses faciles à avaler.
  • Laisser du temps (30–45 minutes) pour le repas sans presser la personne.
  • Féliciter chaque progrès, même minime.
  • Tenir un carnet : heure, quantité, contexte. Cela aide à repérer les déclencheurs d’anxiété, les moments les plus favorables à la prise de repas, les aliments préférés, etc. 

La perte d’appétit est un symptôme grave, qui intervient assez fréquemment chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Il appelle une intervention rapide pour éviter des conséquences dramatiques. L’adaptation de l’alimentation et de l’environnement des repas à la personne âgée est une condition essentielle pour lui permettre de retrouver le goût de s’alimenter.

FAQ

À partir de quand parle-t-on de dénutrition ?

Une personne risque la dénutrition lorsqu’elle perd plus de 5 % de son poids en 1 mois, ou plus de 10% en 6 mois. De même, si son Indice de masse corporelle est inférieur à 22, il est nécessaire d’en parler à un médecin et d’agir. 

Les compléments nutritionnels sont-ils utiles pour lutter contre les conséquences d’une perte d’appétit ?

Rien n’interdit de recourir aux compléments alimentaires. Toutefois, ceux-ci doivent venir s’ajouter aux repas structurés, et non les remplacer. Ils doivent être sélectionnés avec soin après une évaluation médicale d’un nutritionniste.

Faut-il forcer un patient qui refuse de manger ?

Absolument pas. Cela risquerait de braquer encore plus la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Il faut au contraire faire preuve de patience, prendre le temps de convaincre le patient, chercher des solutions. Par exemple, fractionner la prise des repas, privilégier de petites quantités, des aliments aimés, proposer un environnement calme.

La sonde d’alimentation est-elle recommandée chez un patient dont la démence est avancée ?

La sonde n’est quasiment jamais conseillée. Ses bénéfices sont faibles alors que les risques sont réels : inconfort du patient qui entache son bien-être, survenue d’ulcères de pression, risques de pneumonies et d’autres problèmes respiratoires. Il faut plutôt privilégier une approche de confort et les soins de bouche et recourir à toute une panoplie de solutions non contraignantes.