Comment redonner de l’appétit à votre père atteint de la maladie d’Alzheimer et qui renâcle devant ses repas ? Vous devez chaque jour inventer de nouvelles idées pour qu’il accepte de s’alimenter, avec le risque qu’il ne perde trop de poids. Cette situation devient très lourde à gérer. Cet article vous donne des solutions concrètes pour stimuler l’appétit de votre proche à domicile et améliorer sa qualité de vie comme la vôtre.
9 stratégies pour redonner de l’appétit aux malades d’Alzheimer
Refus devant l’assiette, désorientation, dégoût devant l’odeur d’un plat, agitation extrême… L’attitude des patients Alzheimer en matière d’alimentation peut vite devenir cauchemardesque pour les aidants. Il existe des manières d’agir qui permettent de débloquer ce type de situations.
1. Instaurer un rituel apaisant au moment des repas
Créez un cadre prévisible et rassurant à la prise des repas : mêmes horaires quotidiens, table rangée, lumière neutre, ni trop vive ni trop tamisée, peu de bruits. Pas de radio ni de télévision, afin d’aider le patient à rester concentré sur le repas. Une ambiance calme réduit les troubles d’anxiété et recentre la personne sur le plaisir de manger. Des odeurs agréables (soupe chaude, herbes fraîches) stimulent l’appétit.
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2. Fractionner les portions alimentaires
Souvent, les personnes âgées, en particulier atteintes de la maladie d’Alzheimer, peinent à finir leurs plats. Vous pouvez remplacer les trois repas classiques par des prises plus fréquentes et moins copieuses : collation salée matin et après-midi, dessert riche en protéines le soir. Les petites quantités fatiguent moins et limitent l’opposition liée à l’assiette « trop pleine ».
3. Manger plus riche sans augmenter les portions
Votre proche a un appétit d’oiseau ? Ajoutez des calories « invisibles » en agrémentant les plats avec de l’huile d’olive, du beurre, du fromage râpé, des fruits secs, un peu de crème dans les purées et potages… Objectif : plus de calories et de protéines à quantité égale d’aliments, un atout contre la perte de poids.
4. Tester de nouvelles façons de manger
Quand le senior en perte d’autonomie cognitive a du mal à manipuler les objets comme des couverts, évitez-lui l’humiliation d’être nourri par votre main. Tant que possible, vous pouvez proposer des aliments que l’on peut directement manger à la main : mini-quiches, bâtonnets de légumes cuits, parts de pizzas, dés de fromage, boules de semoule, sandwichs mous, fruits coupés. Expliquez-lui et montrez-lui qu’il est autorisé de ne pas utiliser de couverts. Utilisez des assiettes antidérapantes et des verres à large bord, plus confortables.
5. Proposer des textures adaptées aux besoins de la personne
À partir d’un certain âge et d’un certain stade de la maladie, les personnes âgées peuvent souffrir de troubles de la déglutition. Les fonctions musculaires et neurologiques s’altèrent, occasionnant des risques de fausse route et rendant plus difficile l’action d’avaler.
En cas de toux à table, voix « mouillée », repas interminables, demandez un bilan de déglutition au médecin du patient. Adaptez alors les textures des aliments, de manière à ce qu’ils soient les plus faciles à ingérer : viandes hachées, légumes mixés, soupes, compotes et boissons épaissies si indiquées. Veillez à ce que votre proche adopte, dans la mesure du possible, une posture assise à 90°, la tête légèrement penchée en avant, qu’elle prenne de petites bouchées, et s’offre des temps de repos entre deux bouchées.
6. Rappeler à la personne âgée que l’alimentation est un plaisir
Avec l’âge, le goût et l’odorat déclinent. Utilisez en cuisine des herbes, des épices douces, du citron, du vinaigre balsamique, proposez des plats avec des sauces onctueuses. Testez ce qui plaît et déplaît pour peaufiner les menus.
Par ailleurs, privilégiez des assiettes colorées et un contraste net entre plat et vaisselle pour mettre en scène les aliments et permettre au cerveau du malade de bien les identifier.
7. Recourir aux compléments nutritionnels pour éviter la dénutrition
Si la perte de poids persiste, discutez avec le médecin de votre proche de la pertinence de complémenter les repas avec des compléments nutritionnels oraux (CNO). Ces boissons hyperprotéinées, hypercaloriques proposent en un petit volume un concentré de calories, de protéines, de vitamines et de minéraux qui permettent de revenir à un équilibre nutritionnel. Elles se prennent en collation, pas à la place du repas, en complément d’un régime alimentaire varié.

8. Bouger un peu pour mieux manger
Peut-être l’appétit vient-il en mangeant, mais il est certain que faire de l’exercice y est également propice. Engagez la personne âgée à pratiquer une activité physique douce. Faire un peu de marche, une séance de mouvements assis-debout ou d’étirements stimule l’appétit, entretient la masse musculaire et la qualité de vie. Une pratique d’une dizaine de minutes avant un repas suffit.
9. Traiter les causes médicales de gêne alimentaire
Il existe de nombreuses causes à une diminution de l’appétit. Chez les personnes âgées atteintes d’Alzheimer, on rencontre souvent des douleurs dentaires, des prothèses mal ajustées, des aphtes, des troubles digestifs, l’effet négatif des psychotropes ou des antidépresseurs. Autant d’éléments qui peuvent durablement éloigner le patient du repas, compte tenu des douleurs physiques que celui-ci peut occasionner. Un point régulier avec le médecin traitant et le dentiste s’impose ; parfois, ajuster un médicament ou remplacer une dent relance l’envie de manger.
Comprendre les causes de la perte d’appétit chez un malade d’Alzheimer
Chez le patient atteint d’Alzheimer, plusieurs facteurs s’additionnent : une altération du goût et de l’odorat liée au vieillissement, des troubles cognitifs perturbant la reconnaissance des aliments, des phases d’anxiété en particulier lorsqu’il s’agit de faire un effort, ainsi que de nombreuses pathologies de vieillesse. Il mange moins pour éviter des désagréments ou tout simplement par une indifférence liée à sa maladie.
La dénutrition risque alors de s’installer quand les apports sont inférieurs aux besoins (protéines, calories, micronutriments). Elle a un impact direct sur la santé : faiblesse musculaire (sarcopénie), chutes, infections répétées, plaies qui cicatrisent mal, perte d’autonomie et moral en berne. D’où l’enjeu de dépister tôt et d’agir pour redonner l’envie de se nourrir.
Stimuler l’appétit d’une personne âgée avec Alzheimer, c’est agir sur trois leviers : l’environnement du repas, les aliments (densité, textures, aliments adaptés) et l’accompagnement humain (plaisir, partage, patience). En ajoutant un suivi médical régulier et, au besoin, des compléments nutritionnels oraux, vous réduisez le risque de dénutrition, soutenez la santé et prolongez son autonomie.
FAQ
Comment savoir si mon proche est dénutri ?
Surveillez son poids au moins 1 fois/semaine et calculez son indice de masse corporelle (Poids de la personne divisé par sa taille au carré). Si celui-ci est inférieur à 22, alors il est très vraisemblablement dénutri.
Comment préparer un repas « plaisir » ?
Proposez les goûts préférés de la personne (sucré/salé), même si les menus comportent des aliments récurrents. Mieux vaut se nourrir sans trop de diversité que ne pas manger. Le repas est un moment de convivialité et de commensalité. Manger à deux favorise l’imitation et rompt l’isolement. Accompagnez le plus souvent possible votre proche lors des déjeuners par exemple.
Que faire si la personne refuse tout repas solide ?
Proposez des textures lisses (soupes, purées enrichies), boissons lactées, compléments nutritionnels oraux sur avis médical, petites prises toutes les 2 à 3 heures. Cherchez également une éventuelle cause aiguë (douleur buccale, constipation).
Les compléments nutritionnels oraux sont-ils remboursés ?
Oui, s’ils sont prescrits médicalement dans certaines situations (dénutrition avérée ou risque). Renseignez-vous auprès de l’Assurance maladie et de la mutuelle.
Mieux vaut une alimentation sucrée ou salée pour un malade d’Alzheimer ?
Peu importe si l’apport est suffisant. Beaucoup de patients Alzheimer préfèrent le sucré : servez des desserts riches en protéines et des collations sucrées « utiles ».
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