Vous n’aviez jamais imaginé que votre mère puisse vous insulter violemment, et la scène que vous venez de vivre vous a profondément remué. Vous saviez que la maladie d’Alzheimer dont elle est atteinte depuis quelques mois risquait de provoquer des crises d’agressivité, mais la soudaineté de celle-ci vous a alarmé. Est-ce normal, ou faut-il en parler en urgence à son médecin ? Dans cet article vous trouverez des repères clairs pour savoir quand vous inquiéter, comment réagir aux crises d’agressivité de votre proche sans danger et quelles stratégies mettre en œuvre pour les prévenir.
Quand s’alarmer de l’agressivité d’une personne Alzheimer ?
La maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées sont évolutives. Après des pertes de mémoire et des moments de confusion, des épisodes d’agressivité apparaissent chez près de 40 % des personnes âgées atteintes (Fondation Recherche Alzheimer). Ces épisodes ne doivent pas être sous-estimés. Il faut au contraire s’inquiéter et agir en conséquence, lorsqu’une crise intervient dans les conditions suivantes :
- La personne n’avait jamais présenté de comportement agressif. C’est certainement une évolution de la maladie ;
- L’agressivité s’accompagne de fièvre, de douleurs, d’une confusion aiguë (syndrome confusionnel). Il est nécessaire de rechercher les causes de ces symptômes qui ont pu déclencher la crise ;
- Le comportement du malade met en danger son intégrité physique ou celle de son proche ;
- Les épisodes d’agressivité deviennent fréquents, intensifs, empêchent les activités de la vie quotidienne.
Dans chacun de ces cas, il est urgent de contacter le médecin traitant de la personne âgée ou les urgences (15/112). Le spécialiste pourra détecter une évolution de la maladie, ou l’existence d’une autre pathologie, proposer un traitement qui limite et atténue les crises d’agressivité. Il pourra aussi aider les proches du malade à prendre des décisions, comme le placement du malade dans une unité Alzheimer ou dans une unité cognitivo-comportementale (UCC) lorsqu’une hospitalisation de crise est nécessaire.

Comprendre les causes de l’agressivité liée à la maladie d’Alzheimer
Chez une personne âgée présentant des troubles cognitifs, l’agressivité est souvent un « langage du corps » face à un inconfort. Les capacités d’adaptation de la personne malade sont profondément altérées, ce qui l’empêche de gérer des situations a priori sans enjeu et provoque en elle une grande anxiété.
Tout inconfort peut déclencher une crise agressive : une douleur même minime, une surcharge sensorielle (bruits, foule, lumière vive), la frustration liée aux pertes de mémoire, un changement même minime dans une routine…
Comment apaiser une personne Alzheimer sans se mettre en danger ?
Face à une crise d’agressivité, la ou les personnes présentes peuvent contribuer à un retour au calme de la personne âgée, tout en cherchant à se protéger elle-même des éventuels coups.
Comment calmer un comportement agressif chez la personne malade ?
Voir son proche se retourner contre soi et présenter un comportement violent est fortement déstabilisant. Il est indispensable de faire abstraction de son rapport avec la personne :
- Commencer par présenter le plus grand calme : cela peut suffire à désamorcer la situation. Sans réaction aux invectives, le malade peut en effet se calmer tout seul,
- Être empathique, jamais autoritaire : des injonctions comme « calme-toi », « ça suffit » sont inutiles et contribuent à alimenter l’agressivité, tout comme le fait de répondre à des accusations en cherchant à raisonner,
- Créer un environnement apaisant : pas de lumière vive, pas de bruits forts et stressants,
- Proposer une action simple à la personne en crise : boire un verre d’eau, changer de pièce… L’objectif est de redonner un sentiment de contrôle à la personne malade,
- Rediriger l’attention par une activité connue de la personne (musique, photos, pliage de linge, marche…).
Comment se protéger de l’agressivité d’un malade Alzheimer ?
Certaines personnes âgées atteintes de la maladie peuvent donner des coups, lancer des objets, mordre, ou chercher à se faire mal. C’est pourquoi, tout en aidant le malade à sortir de son état d’agressivité, il est important de se protéger comme de le protéger :
- Se mettre à distance de la personne âgée, voire quitter la pièce,
- Retirer tous les objets qui peuvent devenir dangereux (lourds, coupants…) pendant la crise,
- Continuer à lui parler d’une voix calme et douce.
Si vous vous mettez dans une autre pièce, assurez-vous cependant que le malade ne peut pas se faire de mal lui-même.
Limiter ou éviter les crises d’agressivité
L’agressivité étant le plus souvent provoquée par une situation que le malade ne sait plus gérer, en particulier par des nouveautés ou des changements dans son quotidien, le meilleur moyen d’éviter les crises est d’instituer une routine.
Il est utile de bien connaître :
- Les situations qui peuvent déclencher l’agressivité du malade,
- Les moments de la journée auxquels peuvent survenir ces crises.
En intégrant ces données, en particulier en cherchant à éliminer les moments déclencheurs, et en travaillant avec le malade lui-même, il est aisé d’introduire une routine de vie simple et tranquillisante.
- Heures de lever, repas, sieste, coucher régulières ;
- Toilette ;
- Préparer l’éventualité d’une sortie, en en parlant avec la personne ;
- Installer des repères visuels comme des pictogrammes (salle de bain, toilettes…) au domicile de la personne âgée. Ils évitent un sentiment de désorientation ;
- Prévoir des éclairages non agressifs, doux en particulier en fin de journée, moment où intervient souvent une angoisse ;
- Veiller à un environnement sonore non agressif…
Si un signe d’agitation apparaît (mains qui s’agitent, voix qui monte, mouvements incessants), il est possible d’intervenir pour éviter une crise : pause, boisson, fauteuil confortable, respiration guidée, sortie sur le balcon, courte promenade…

Quelles ressources face à l’agressivité d’un malade d’Alzheimer ?
Les proches aidants d’une personne développant la maladie d’Alzheimer peuvent trouver de l’aide :
- Auprès de l’association France Alzheimer et maladies apparentées. Elle propose des formations, des groupes de parole, des entretiens avec des spécialistes. Leurs documents et leur site web donnent de nombreux conseils, en particulier pour mieux communiquer avec un proche malade ;
- Le droit au répit : les proches aidants peuvent, quelques jours par an, placer leur proche malade en structure d’accueil spécialisée afin de s’affranchir momentanément de la forte charge mentale qu’ils subissent. Ils peuvent également recourir à des aides à domicile. On peut se renseigner au service social du conseil départemental.
L’agressivité chez un proche atteint d’Alzheimer n’est pas un « caprice », mais un symptôme qui peut être déclenché par une douleur, l’anxiété ou un environnement non adapté. Au quotidien, la meilleure prise en charge est d’abord non médicamenteuse : communication apaisée, routine stable, environnement simple et prévisible, activités adaptées, repérage des déclencheurs. En cas de doute, parlez-en tôt au médecin traitant.
FAQ — Questions courantes des proches
Comment identifier les déclencheurs de l’agressivité ?
Observez le contexte « juste avant » (faim, froid/chaud, douleur, toilette, bruit, heure tardive). Notez les signes (mains crispées, ton qui monte, marche) et testez des changements un par un (éclairage, musique douce, pause). Les journaux d’observation aident à repérer les causes chez la personne Alzheimer.
Quelles sont les meilleures pratiques pour interagir avec une personne agressive ?
Ralentir, parler calmement, valider l’émotion, offrir un choix simple, détourner vers une activité familière, éviter les « pourquoi » et les reproches, garder vos distances si vous vous sentez en danger.
Faut-il donner un médicament tout de suite ?
Non : en premier lieu, on cherche la cause (douleur, anxiété, environnement), on ajuste la routine et on privilégie les approches non médicamenteuses. Les psychotropes ne se discutent qu’en cas d’échec des mesures et de risque pour la sécurité, sous contrôle médical.
Est-ce que l’agressivité va forcément s’aggraver avec la maladie ?
Elle est fréquente, mais variable selon les personnes et les stades ; anticiper les besoins, structurer la journée et travailler la communication réduit souvent la fréquence et l’intensité des épisodes.
Où trouver du soutien pour les aidants ?
Associations (France Alzheimer), réseaux locaux, professionnels (médecin traitant, consultation mémoire). Demandez une évaluation des besoins et des aides auprès de votre Conseil départemental.
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