Perdre un proche est douloureux, et gérer la succession représente un défi supplémentaire à surmonter. On se dit parfois : « Je m’en occuperai plus tard… ». Pourtant, attendre trop longtemps peut entraîner des conséquences importantes pour vous et les autres héritiers. Que ce soit la perte de droits, des pénalités financières, ou des conflits familiaux, le temps joue contre vous. Voyons ensemble ce que la loi et le Code civil prévoient, les délais à respecter et comment agir pour protéger le patrimoine du défunt.

Comment fonctionne la succession en France ? 

Quand une personne décède, ses biens sont transmis à ses héritiers à travers ce qu’on appelle la succession. Pour pouvoir en profiter, il faut passer par la déclaration de succession et payer les droits de succession, qui servent à réguler la transmission du patrimoine et à financer les services publics. Le montant à payer dépend de plusieurs choses : la valeur des biens, le lien de parenté avec le défunt, et les éventuelles donations faites de son vivant

Par exemple, pour une grand-mère qui laisse une maison et quelques économies à ses enfants, ceux-ci devront déclarer la succession, régler les droits calculés sur la valeur totale du patrimoine, puis partager officiellement les biens. Cette procédure garantit que chacun reçoit sa part tout en respectant la loi et les obligations fiscales. Cela permet aussi aux héritiers de sécuriser le patrimoine transmis.

Proche d'un senior qui fait  la déclaration de succession

Qu’est-ce qui peut bloquer une succession ?

Plusieurs situations peuvent ralentir ou bloquer une succession, et il n’est pas rare que les héritiers se sentent dépassés :

  • Pas de testament ou testament contesté : il n’est pas toujours clair qui doit hériter, ce qui crée de l’incertitude.
  • Conflits familiaux : des désaccords sur le partage ou la valeur des biens peuvent mettre la succession en pause.
  • Biens indivis (qui appartiennent à plusieurs personnes en même temps) ou dettes à régler : hypothèques, crédits ou factures en attente compliquent le partage.
  • Formalités fiscales non faites : oublier de déclarer la succession ou de payer les droits peut tout retarder.
  • Héritiers mineurs ou vulnérables : quand certaines personnes ne peuvent pas décider seules, il faut attendre des démarches supplémentaires.
  • Biens à l’étranger : un décès avec des biens dans plusieurs pays rend les démarches plus longues.

Par exemple, si votre parent âgé décède en laissant son appartement et ses économies à vous et à vos frères et sœurs, la succession peut se bloquer si certains d’entre vous ne sont pas d’accord sur la valeur du bien ou sur la répartition des comptes. 

Tant que ces points ne sont pas réglés, le bien reste en indivision et vous ne pouvez pas en disposer librement.

Quels sont les délais à respecter pour éviter les pertes ?

Lorsque votre parent âgé décède, il est essentiel de respecter certains délais légaux pour protéger vos droits et éviter de retarder le partage des biens. Des décisions rapides et le respect des formalités permettent de sécuriser la succession, de prévenir les conflits familiaux et de limiter les frais ou pénalités. Voici ce qu’il faut savoir pour agir dans les temps.

1. Acceptation ou renonciation à la succession

Dès le décès, chaque héritier dispose de 4 mois pour se prononcer (article 779 du Code civil) : accepter, accepter à concurrence de l’actif net ou renoncer à la succession.

  • Si vous ne réagissez pas dans le délai imparti par la loi, vous êtes réputé avoir renoncé à vos droits (article 778 du Code civil).
  • Retarder cette décision peut vous faire perdre votre part de la succession.

Vous vous demandez combien de temps peut-on bloquer une succession ? Le Code civil ne permet pas de bloquer indéfiniment. Passé le délai légal, la succession peut être réglée sans vous, et vos droits peuvent être compromis.

2. Déclaration de succession auprès de l’administration fiscale

Après l’ouverture de la succession, il faut déposer la déclaration de succession :

  • Délai : 6 mois pour un décès en France métropolitaine, 1 an si le décès a eu lieu à l’étranger.
  • Retard : pénalités de 0,20 % par mois.
  • Si vous attendez trop, vous risquez de payer des intérêts et de retarder le partage des biens entre les héritiers.

Vous vous demandez combien de temps pour toucher l’argent d’une succession ? En général, l’argent est disponible entre 4 et 6 mois après le décès, selon la complexité du dossier.

3. Les actions contre les donations ou contrats d’assurance vie excessifs

Parfois, certaines donations ou contrats d’assurance vie réalisés par le défunt peuvent réduire la part qui revient légalement aux héritiers réservataires (les héritiers qui ont droit à une part minimale). Dans ce cas, il est possible d’engager une action en réduction, qui permet de rééquilibrer les parts conformément au Code civil.

Les délais pour agir sont les suivants :

  • 5 ans à partir de l’ouverture de la succession ;
  • 2 ans à partir du moment où vous découvrez que votre part réservataire a été réduite ;
  • jamais au-delà de 10 ans après le décès.

Vous êtes dans une situation d’une succession non faite depuis 5 ou 20 ans, que faire ? Même après 20 ans, il est parfois possible de régulariser, mais c’est bien plus compliqué et cela reste extrêmement rare. Il faudra saisir un avocat en droit des successions et faire intervenir un notaire.

Héritier d'un senior décédé qui engage une action en réduction

Les risques si vous attendez trop longtemps

Ne pas agir en temps et en heure après le décès d’un proche peut avoir de vraies conséquences pour vous et votre famille.

1. Perte de droits : un héritier qui ne se prononce pas dans les délais perd sa part.

2. Blocage prolongé : le conjoint survivant et les enfants peuvent être privés de leur part.

3. Sanctions financières : retards dans la déclaration = intérêts et pénalités (majoration jusqu’à 40 %).

4. Litiges familiaux : les conflits sont plus difficiles à résoudre après plusieurs années.

Combien de temps un notaire peut garder l’argent d’une succession ? Le notaire conserve les fonds jusqu’au règlement complet. Mais il doit agir avec diligence ; il ne peut pas retenir l’argent indéfiniment.

Comment agir pour protéger vos droits dans le cadre d’une succession

Voici comment vous pouvez protéger vos droits et faciliter le règlement de la succession.

1. Contactez un notaire dès le décès pour ouvrir la succession.

2. Préparez vos documents : testament, contrats d’assurance-vie, actes de donation, inventaire des biens.

3. Connaître vos droits : droits conjoint survivant, héritiers réservataires, quotité disponible.

4. Suivi régulier : demandez où en est votre déclaration de succession de droits pour éviter les retards.

5. En cas de conflit ou blocage prolongé : sollicitez un avocat droit successions ou un mandataire judiciaire protection pour une personne vulnérable.

En agissant rapidement et en vous entourant de professionnels : notaire, avocat, ou mandataire judiciaire, vous protégez le patrimoine, respectez la loi, et assurez que le conjoint survivant, les enfants, et les héritiers reçoivent leur juste part. Enfin, moins vous attendez, plus vous préservez aussi l’harmonie familiale.