Quand vient le moment d’envisager l’entrée en maison de retraite, une question revient inévitablement : qui va payer ? Vous vous demandez peut-être si les frais seront entièrement à la charge de la personne âgée, si l’État prend le relais ou si les enfants devront participer. Décryptons ensemble les rôles respectifs du retraité, de la famille et des aides publiques dans la répartition du paiement en maison de retraite.

Le coût moyen d’une maison de retraite

Avant d’aborder les modalités de paiement, il faut savoir que le coût d’une maison de retraite (ou EHPAD) tourne autour de 2 000 à 3 500 € par mois, selon la région, le niveau de confort et la dépendance de la personne. Ce montant comprend :

  • L’hébergement (logement, repas, entretien)
  • La dépendance (aide à la toilette, aux repas, déplacements)
  • Les soins médicaux, souvent pris en charge par l’Assurance maladie

Ce budget dépasse largement les pensions de retraite de nombreux seniors. Alors, comment s’organise la répartition ?

Seniors qui calculent le prix d'une maison de retraite

Que doit payer la personne âgée ?

En premier lieu, le résident est censé contribuer selon ses revenus et son patrimoine. Cela inclut :

  • Sa retraite
  • Ses économies
  • Ses revenus locatifs, le cas échéant

Prenons l’exemple de votre mère, retraitée avec 1 400 € de pension mensuelle. Si la maison de retraite coûte 2 500 € par mois, il manque 1 100 €. Elle devra mobiliser ses économies ou vendre un bien si elle en possède. Mais si cela ne suffit pas, l’État et la famille peuvent être sollicités.

L’obligation alimentaire : quand la famille participe

En France, le Code civil impose une obligation alimentaire entre parents et enfants. Cela signifie que vous pouvez être appelé à contribuer aux frais d’un parent placé en maison de retraite, si ses ressources sont insuffisantes.

Qui est concerné ?

  • Les enfants et petits-enfants
  • Le gendre ou la belle-fille, tant que le lien de mariage existe

Concrètement, si votre père est admis en EHPAD et ne peut pas couvrir la totalité des frais, la maison de retraite (ou le conseil départemental) peut vous demander une participation financière. Autrement dit, le paiement d’une maison de retraite par les descendants est une solution légale prévue pour pallier l’insuffisance de ressources du retraité.

Bon à savoir : la solidarité commence par le couple. Avant de faire appel à la famille, c’est le conjoint marié qui doit contribuer en priorité, selon l’article 212 du Code civil.

Comment est calculée l’obligation alimentaire ?

La participation familiale n’est pas uniforme : elle dépend des revenus de chacun. Le juge aux affaires familiales (JAF) peut être saisi en cas de désaccord.

Exemple concret :

Imaginons que vous avez deux frères, et que vous gagnez 2 500 € par mois, eux respectivement 1 800 € et 3 000 €. Le montant restant à payer est de 1 000 €. Le juge pourra répartir cette somme au prorata des revenus. Cela donnerait environ :

  • Vous : 330 €
  • Frère 1 : 240 €
  • Frère 2 : 430 €

Les charges de famille, les crédits ou les autres dépenses sont aussi pris en compte.

💡Bon à savoir : si les relations sont rompues depuis longtemps (par exemple en cas d’abandon ou de maltraitance), il est possible de demander une dispense d’obligation alimentaire.

Le rôle du conseil départemental et les aides financières

Heureusement, l’État n’abandonne pas les familles face à ces coûts importants. Le conseil départemental peut intervenir via deux aides principales :

1. L’aide sociale à l’hébergement (ASH)

Si la personne âgée ne peut pas payer et que la famille non plus (ou partiellement), elle peut faire une demande d’ASH auprès du conseil départemental.

Conditions :

  • Ne pas dépasser le niveau de ressources fixé par le département
  • Être hébergé dans un établissement habilité à l’aide sociale
  • Avoir fait valoir tous ses droits (pensions, aides, etc.)

L’ASH peut prendre en charge la totalité ou une partie des frais restant après la participation du retraité et de la famille. En contrepartie, l’administration peut demander un recours sur succession : à son décès, une partie des frais sera récupérée sur son héritage (biens immobiliers, etc.).

Seniors qui font une demande d'ASH

2. L’APL ou l’ALS

Si l’établissement ne dépend pas de l’aide sociale, le résident peut bénéficier de l’APL (aide personnalisée au logement) ou de l’ALS (allocation de logement social) selon la nature de la structure.

Cela peut représenter de 50 à 300 € d’aides mensuelles, selon les ressources du résident.

Les autres aides à connaître pour le paiement d’une maison de retraite

  • L’APA (allocation personnalisée d’autonomie)

Destinée aux personnes âgées de plus de 60 ans en perte d’autonomie, l’APA permet de couvrir une partie des frais liés à la dépendance. Elle est attribuée par le département et ne dépend pas du patrimoine.

  • L’exonération ou réduction d’impôt

Si vous aidez financièrement un parent, vous pouvez bénéficier d’une déduction fiscale. Par exemple, les pensions alimentaires versées à un parent en maison de retraite sont déductibles du revenu imposable, dans certaines limites.

Répartition du paiement en maison de retraite : qui paie quoi, en résumé ?

ActeurCe qu’il paieConditions
Le retraitéEn priorité, selon ses revenus et biensRevenu, patrimoine personnel
La familleObligation alimentaire, selon les ressourcesPartage équitable entre descendants
Le conseil départementalAide sociale à l’hébergement, APASelon les conditions de ressources
L’État (CAF)APL ou ALSEn fonction de l’établissement et du revenu

Anticiper pour mieux gérer le paiement d’une maison de retraite

Ce système peut sembler un peu difficile à démêler aux premiers abords, mais il a un but : répartir équitablement l’effort financier, et surtout, protéger les personnes les plus vulnérables. Pour éviter les mauvaises surprises, vous pouvez :

  • Échanger en famille dès que possible sur les possibilités financières de chacun
  • Constituer un dossier d’aide sociale dès l’entrée en maison de retraite
  • Demander conseil à un travailleur social ou au CCAS (Centre communal d’action sociale)

Entrer en maison de retraite est un tournant délicat, tant sur le plan affectif que financier. Le plus important est de s’informer, de ne pas rester isolé et de faire valoir vos droits. Personne ne devrait renoncer à une fin de vie digne à cause d’un manque de ressources

Les alternatives possibles en cas de manque de ressources

Si jamais le coût de l’EHPAD ou d’une maison de retraite est au-dessus de vos moyens, n’hésitez pas à explorer d’autres possibilités : 

  • Choisir un EHPAD plus accessible financièrement, comme les établissements publics ou associatifs, généralement moins chers que les EHPAD privés, ou opter pour un établissement situé dans une région où le coût de l’immobilier est plus faible.
  • Favoriser un établissement conventionné pour pouvoir bénéficier de l’aide personnalisée au logement (APL), qui aide à réduire une partie des frais.
  • Considérer la colocation entre seniors, à travers des solutions comme les béguinages ou les habitats inclusifs.
  • Étudier la possibilité d’accueillir son parent en famille d’accueil spécialisée pour personnes âgées.