Accompagner un proche en perte d’autonomie est un moment inévitable dans une vie. Cette étape est pleine de sens, mais aussi de sacrifices. En France, plus de 9 millions de personnes endossent ce rôle d’aidant, jonglant entre obligations familiales, professionnelles et soutien quotidien. Ce dévouement, trop souvent passé sous silence, expose à un risque majeur : près d’un aidant sur cinq est au bord du burn-out. Face à cette réalité, il est essentiel de se protéger et de préserver son équilibre. Mais comment faire ? Voici nos conseils pour continuer d’aider votre parent sans pour autant vous oublier.
Le burn-out de l’aidant : des chiffres alarmants
Le burn-out ou syndrome de l’aidant désigne un épuisement physique et émotionnel qui touche ceux qui accompagnent un proche dépendant, qu’il soit âgé, malade ou en situation de handicap.
Les données parlent d’elles-mêmes :
- 44 % des aidants ont du mal à concilier aide et travail ;
- 31 % délaissent leur propre santé ;
- 32 % souffrent d’une fatigue physique persistante.
Dans ce contexte déjà fragile, 61 % des aidants continuent à exercer une activité professionnelle tout en prenant soin de leur proche (Baromètre OCIRP 2016, « L’âge de l’autonomie »). Un cumul de responsabilités qui rend l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle particulièrement difficile à tenir.

Les signes d’épuisement de l’aidant familial
Il est important de pouvoir reconnaître les premiers signes d’un burn-out chez les aidants familiaux avant d’aller trop loin. Ces derniers sont souvent liés au stress et peuvent se manifester de différentes façons : une anxiété constante, des troubles du sommeil, de l’irritabilité ou encore un profond sentiment de découragement.
Vous reconnaissez-vous dans cette situation ? Si oui, il ne faut pas tarder à mettre en place les mesures nécessaires.
Les solutions pour rééquilibrer les rôles avant le burn-out ou la dépression de l’aidant familial
1. Reconnaître ses limites et demander de l’aide
C’est la première étape. Accepter que vous ne pouvez pas tout faire seul est essentiel. Il n’y a aucune honte à demander du soutien, que ce soit à la famille, aux amis ou à des professionnels. Parler de vos difficultés peut vous permettre de soulager une partie du poids que vous portez.
2. Prendre du temps pour vous
Votre bien-être est indispensable pour pouvoir continuer à aider. Accordez-vous des moments pour vous détendre : pratiquez la méditation ou la relaxation, promenez-vous en pleine nature, ou faites simplement une pause loin du stress quotidien. Ces instants vous aideront à recharger vos batteries et à mieux gérer vos émotions.
3. Confier certaines tâches à votre proche
Si votre proche aidé dispose encore d’un certain degré d’autonomie, pourquoi ne pas lui confier quelques tâches adaptées à ses capacités ? Cela peut être un excellent moyen de le valoriser et de renforcer son sentiment d’utilité. Le dialogue est ici essentiel : discutez ensemble de la répartition des rôles, écoutez ses envies, ses limites, et co-construisez une organisation plus équitable. En l’impliquant dans les décisions, vous renforcez sa dignité tout en anticipant des moments de répit pour vous-même.
4. Opter pour un hébergement temporaire
N’hésitez pas à envisager un séjour temporaire pour votre proche en maison de repos ou en structure adaptée (les EHPAD le proposent). Ce répit vous permettra de souffler, de vous ressourcer et de revenir plus fort dans votre rôle d’aidant. L’hébergement temporaire peut accueillir votre parent durant quelques jours à plusieurs semaines, selon les besoins et les disponibilités.
5. Faire appel au droit de répit
Depuis 2015, la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement reconnaît aux aidants de personnes âgées en perte d’autonomie un droit au répit, leur offrant ainsi la possibilité de prendre du temps pour se reposer et s’occuper d’eux-mêmes. Cette loi permet de financer des solutions de relais jusqu’à 500 euros par an. Si vous êtes fatigué, n’hésitez pas à explorer cette option.
6. Entretenir ses liens sociaux et ses loisirs personnels
Ne perdez pas contact avec vos amis et l’extérieur de manière générale, continuez de sociabiliser en dehors des moments où vous vous occupez de votre proche âgé. Intégrez toujours du temps dans votre planning pour vos activités favorites. Rester connecté aux autres et à ce que vous aimez vous permet d’éviter de vous oublier et de préserver votre équilibre émotionnel.

Échelle d’épuisement de l’aidant : mesurer pour mieux prévenir
Il peut vous être utile en tant qu’aidant de réaliser une évaluation du fardeau ressenti, notamment avec le test de Zarit. Grâce à une série de questions, il évalue le stress, la fatigue et la charge émotionnelle liée à l’accompagnement d’un proche. Passer ce test permet de détecter les signes de burn-out et d’agir rapidement pour mieux se protéger. Vous pouvez ensuite partager les résultats avec votre médecin traitant pour en discuter.
Voici un exemple de questions posées avec le test Zarit.
N° | Question | Note (0 à 4) |
1 | Ressentez-vous que le temps consacré à votre parent ne vous laisse pas assez de temps pour vous ? | |
2 | Vous sentez-vous tiraillé entre les soins à votre parent et vos autres responsabilités ? | |
3 | Ressentez-vous de la colère en présence de votre parent ? | |
4 | Avez-vous peur de ce que l’avenir réserve à votre parent ? | |
5 | Pensez-vous que votre santé s’est détériorée à cause de votre implication auprès de votre parent ? | |
6 | Ressentez-vous que votre vie sociale s’est détériorée du fait que vous prenez soin de votre parent ? | |
7 | Avez-vous l’impression que votre parent est trop dépendant de vous ? | |
8 | Ressentez-vous que vous avez perdu le contrôle de votre vie depuis la maladie de votre parent ? | |
9 | Souhaitez-vous pouvoir laisser le soin de votre parent à quelqu’un d’autre ? | |
10 | À quelle fréquence ressentez-vous que les soins à votre parent sont un véritable fardeau ? |
Les notes de 0 à 4 correspondent à :
- 0 : jamais
- 1 : rarement
- 2 : quelquefois
- 3 : assez souvent
- 4 : presque toujours
Aidant familial : dépression ou burn-out ?
Le burn-out n’est pas le seul problème découlant d’une charge d’accompagnement lourde et prolongée : la dépression de l’aidant familial est également un risque sérieux. Si vous vous sentez comme un « aidant au bout du rouleau », n’attendez pas pour en parler et chercher du soutien.
Les signes de la dépression sont similaires à ceux du burn-out : fatigue intense, perte d’intérêt pour les activités, tristesse persistante, troubles du sommeil et de l’appétit, sentiment de désespoir et isolement social.
La différence est que le burn-out correspond à un épuisement lié au stress et à la surcharge du rôle d’aidant, tandis que la dépression est un trouble plus profond qui affecte l’ensemble de la vie et nécessite souvent un suivi médical spécifique. Les deux sont parfois liés.
Il est très important de ne pas négliger ce que vous ressentez. Nous savons que l’espérance de vie des aidants familiaux peut être impactée par cette responsabilité intense. Si le maintien à domicile n’est plus possible, alors une entrée en EHPAD peut être envisagée.
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