L’état de santé de votre mère semble de plus en plus fragile. Son médecin estime qu’elle perd en autonomie et qu’il va falloir lui trouver une prise en charge de son entrée en dépendance. Il vous demande de faire réaliser une évaluation de son niveau de GIR. Cet article vous explique à quoi correspond le GIR, comment on l’évalue et en quoi il est fondamental dans l’accompagnement de la dépendance chez les seniors.
Qu’est-ce que le GIR ?
Le GIR, ou groupe iso-ressources, est une échelle standard permettant d’évaluer le niveau de dépendance d’une personne âgée. L’évaluation du GIR est la première étape pour une demande de prise en charge des frais de la dépendance : un bon niveau d’autonomie n’y donnera pas droit.
Une définition du GIR
Le GIR désigne un niveau de perte d’autonomie sur la grille AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupe Iso-ressources). Élaborée par un groupe pluridisciplinaire de chercheurs français au cours des années 1990, cette grille est devenue l’instrument national de mesure de l’état de dépendance d’une personne âgée.
Le rôle du GIR dans la prise en charge de la dépendance
Le classement GIR est l’outil partagé par les équipes médico-sociales des Conseils départementaux et les médecins référents des EHPAD pour déterminer de manière objective la perte d’autonomie, et préciser le type d’aides nécessaires.
L’évaluation GIR est un passage obligé pour bénéficier d’aménagements et de services adaptés à la condition des personnes âgées dépendantes de 60 ans et plus ou pour avoir accès à un EHPAD.
L’affectation d’un niveau de GIR entre 1 et 4 permet l’attribution de l’Allocation personnalisée autonomie (APA).

Quels sont les 6 niveaux de GIR ?
La grille AGGIR présente six niveaux liés à l’autonomie des personnes âgées de 60 ans et plus, du plus dépendant (niveau 1) au plus autonome (niveau 6).
| NIVEAU DE GIR | DEGRÉ DE DÉPENDANCE |
| GIR 1 | Dépendance totale Personne confinée au lit ou au fauteuil. Fonctions mentales gravement altérées. Nécessite une présence continue et indispensable. |
| GIR 2 | Forte dépendance Personne confinée au lit ou au fauteuil et/ou dont les fonctions intellectuelles sont très dégradées et nécessitant une prise en charge pour la majorité des activités courantes |
| GIR 3 | Dépendance avérée Personne conservant ses fonctions intellectuelles et, partiellement, des capacités de déplacement, mais qui nécessite de l’aide pour les soins corporels. |
| GIR 4 | Dépendance moyenne Personne capable de se déplacer chez soi ou en établissement, mais requérant une aide pour le lever et le coucher, les soins corporels et les repas. |
| GIR 5 | Dépendance légère Personne se déplaçant seule, sans problème, mais pouvant avoir besoin d’aide ponctuelle pour la toilette, les repas ou le ménage |
| GIR 6 | Autonomie Personne totalement autonome pour les actes essentiels de la vie courante |
Comment se déroule le calcul du GIR ?
L’évaluation du degré d’autonomie d’une personne âgée est effectuée selon les critères fixés dans la grille AGGIR. 17 activités sont ainsi observées et donnent lieu à une notation.
Quels sont les critères pris en compte dans l’évaluation GIR ?
17 critères interviennent dans le calcul du GIR : 10 concernent des variables ayant trait aux actes essentiels de la vie courante, et 7 portent sur la vie sociale et psychique.
Dix variables GIR discriminantes relatives à la perte d’autonomie physique et psychique
Ces variables permettent d’évaluer chez la personne âgée :
- Sa cohérence : capacité de converser ou de se comporter de façon logique et sensée ;
- Son sens de l’orientation : comment se repère-t-elle dans le temps, sur les moments de la journée et dans l’espace ;
- La toilette corporelle : la capacité à se laver seul, en distinguant la toilette du haut (tête, tronc) et la toilette du bas ;
- La difficulté d’habillage, de déshabillage ;
- L’aptitude à s’alimenter : la personne est-elle capable de se servir seule et de manger des aliments préparés ;
- L’élimination, soit l’hygiène urinaire et fécale. Ce critère évalue la capacité de la personne à gérer l’hygiène de l’élimination et non la continence ;
- Les transferts : degré d’autonomie dans l’action de se coucher, de s’asseoir, de se lever ;
- Les déplacements en intérieur : mobilité spontanée, y compris avec appareillage ;
- Les déplacements à l’extérieur : se déplacer à partir de sa porte d’entrée sans moyen de transport ;
- La communication à distance : le senior est-il à l’aise dans l’utilisation d’un téléphone, d’une téléalarme ?
Sept variables GIR illustratives relatives à la vie sociale et psychique
Il s’agit dans cette catégorie d’évaluer l’attitude du senior vis-à-vis de :
- La gestion : gérer ses propres affaires, son budget, faire des démarches administratives ou autres, utiliser de l’argent ;
- La cuisine : préparer le repas, le servir ;
- Le ménage : effectuer l’ensemble des travaux ménagers ;
- Les transports : utiliser un moyen de transport ou en commander ;
- Les achats : commander par correspondance ou faire des acquisitions directes ;
- Le suivi des traitements : observance du traitement médicamenteux ;
- Les activités du temps libre : pratiquer des activités culturelles, sociales, sportives ou des passe-temps.
La mesure du degré d’autonomie sur chaque variable GIR
Chaque activité est codée sur une échelle à trois degrés selon que la personne :
- A : Fait l’activité seule et spontanément, habituellement, totalement et correctement ;
- B : Peut effectuer l’activité seule, mais pas spontanément et/ou correctement et/ou habituellement et/ou partiellement ;
- C : Ne pratique pas l’activité : c’est une assistance extérieure qui la réalise.
Seules les 10 activités discriminantes sont utilisées pour déterminer le groupe iso-ressource de l’individu. Les 7 activités illustratives permettent d’identifier concrètement la nature et la quantité des aides requises.
Qui réalise l’évaluation du GIR ?
Deux cas de figure sont possibles :
- Dans la perspective d’un maintien à domicile de la personne âgée, c’est un représentant de l’équipe médico-sociale mandatée par le Conseil départemental du lieu de résidence qui vient évaluer son degré d’autonomie au cours d’une journée d’observation à son domicile. À l’issue de leur visite, la personne dépendante se voit proposer un plan d’action personnalisé.
- Si l’on envisage un emménagement en EHPAD, c’est le médecin coordonnateur de la structure qui estime son GIR et la qualité de sa prise en charge.
« Qui contacter pour connaître le GIR de votre parent ? »
Pour un maintien à domicile, le service APA du Conseil départemental (ou Maison départementale de l’autonomie).
En établissement : le médecin coordonnateur et l’équipe soignante.

GIR à domicile : quelles aides et quels montants d’APA ?
Il est nécessaire d’être évalué avec un GIR 1 à 4 pour prétendre à l’allocation personnalisée autonomie.
Fonctionnement de l’APA à domicile
L’APA à domicile finance un « plan d’actions personnalisé » : il détaille :
- Les types de services (ménage, portage des repas, auxiliaire de vie…) nécessaires pour la personne dépendante ;
- Les aménagements à réaliser (douche à l’italienne, rampes lumineuses, barres d’appui, suppression des tapis, etc.) ;
- Les équipements éventuellement requis (téléassistance, fauteuil, lit médicalisé).
Ce plan d’aide est directement lié au financement de ces services et équipements.
Quels sont les montants de l’APA ?
Une fois évalué GIR 1 à GIR 4, toute personne de 60 ans et plus est éligible à l’Allocation personnalisée d’autonomie. Le calcul du montant de l’APA se fait en fonction de deux facteurs :
- Le niveau de GIR de la personne âgée,
- Ses revenus mensuels.
Ainsi, au 1er janvier 2025, la part à la charge du senior était calculée de la façon suivante :
| REVENUS MENSUELS | PARTICIPATION FINANCIÈRE DU SENIOR AUX DÉPENSES DU PLAN D’AIDE |
| INFÉRIEURS OU ÉGAUX À 918,29 € | Aucune participation financière |
| ENTRE 918,30 € ET 3 381,92€ | Entre 0% et 90% du montant du plan d’aides en fonction du niveau de revenus |
| SUPÉRIEURS À 3 381,92 € | 90% du montant du plan d’aides. |
Par ailleurs, le montant de l’APA ne peut dépasser un montant maximal pour chaque niveau de GIR :
- GIR 1 : 2 045,56 € /mois
- GIR 2 : 1 654,18 € /mois
- GIR 3 : 1 195,67 € /mois
- GIR 4 : 797,96 € /mois
L’APA à domicile peut-elle être cumulée avec d’autres aides ?
La personne âgée peut recevoir certaines aides complémentaires, mais l’APA n’est pas cumulable avec toutes les prestations existantes.
- La PCH, prestation de compensation du handicap, est une aide réservée aux personnes handicapées de moins de 60 ans ;
- L’Aide sociale à l’hébergement (ASH) est quant à elle, destinée aux personnes de revenu très modeste, qui sont hébergées dans un EHPAD :
- La réduction d’impôt sur des dépenses de dépendance et d’hébergement est également dédiée aux personnes hébergées dans un établissement.
Par contre, l’APA est compatible avec le crédit d’impôt sur les services à la personne.
Il est également possible de toucher l’Aide personnalisée au logement (APL) tout en touchant l’APA.
GIR en EHPAD : comment influence-t-il le prix de la dépendance ?
Le calcul de l’APA en EHPAD est différent du système de l’APA à domicile, puisque le senior vit en hébergement spécialisé pour personnes âgées et doit s’acquitter de frais de nature bien distincte.
Comprendre le tarif dépendance en hébergement et ses 3 composantes
La facture d’un hébergement en EHPAD comporte trois tarifs :
- le tarif « hébergement » (chambre, restauration, service hôtelier),
- le tarif « soins » (soins courants),
- le tarif « dépendance » (aide au lever, à la toilette, aux actes quotidiens…).
Le tarif « soins » est entièrement pris en charge par l’Assurance maladie. À l’inverse, le résident doit payer tout ou partie du tarif dépendance et du tarif hébergement.
En 2025, les tarifs moyens étaient les suivants :
- GIR 5-6, soit le ticket modérateur : environ 6,10 € par jour,
- GIR 3-4 : 14,36 € par jour,
- GIR 1-2 : 22,66 € par jour.
Ainsi, sur 1 mois, l’écart de coût en EHPAD entre une personne ne payant que le GIR 5 (ticket modérateur réservé aux personnes dont les ressources sont relativement modestes) et une personne au tarif dépendance GIR 2 peut s’élever à 679,1 – 183 = 496,1 €.
Ce que couvre l’APA en établissement
L’allocation personnalisée d’autonomie en établissement, ouverte à tous les résidents GIR 1 à GIR 4, est, comme pour l’APA à domicile, tributaire de leur niveau de dépendance et de leurs ressources. En 2025, l’aide s’établissait ainsi :
| RESSOURCES DU RÉSIDENT | RESTE À CHARGE DU RÉSIDENT |
| Jusqu’à 2 799,19 € | Correspond au tarif dépendance appliqué aux GIR 5 et 6 de l’établissement, soit environ 6,10 € par jour |
| De 2 799,20 € à 4 306,44 € | Tarif dépendance appliqué aux GIR 5 et 6 + un pourcentage (de 0 % à 80 % selon les ressources) de la différence entre le tarif dépendance applicable au GIR du résident et le tarif dépendance appliqué aux GIR 5 et 6. Par exemple un résident GIR 2 paiera : tarif GIR 5-6 + X% du (tarif GIR 2 – tarif GIR 5-6). |
| Au-delà de 4 306,44 € | Égale au tarif dépendance appliqué aux GIR 5 et 6 + 80 % de la différence entre le GIR du résident et le tarif dépendance appliqué aux GIR 5 et 6. |
L’APA en hébergement peut-elle être cumulée avec d’autres aides ?
L’APA en hébergement est cumulable avec :
- La réduction d’impôt sur les frais de dépendance et d’hébergement ;
- L’Allocation sociale à l’hébergement (ASH), sous condition de ressources ;
- L’APL, sous condition de ressources.
Par contre, l’APA en établissement n’est pas compatible avec la PCH.
Comment faire réviser ou contester le GIR de son parent ?
Il est possible de demander une réévaluation du GIR de son parent, dans la mesure où la dépendance peut s’aggraver.
Les situations qui justifient une réévaluation du GIR
Plusieurs cas sont éligibles à une réévaluation du niveau de GIR, entre autres :
- Une aggravation visible de l’état de santé (chutes, dénutrition, troubles cognitifs) de la personne ;
- Un retour d’hospitalisation avec perte d’autonomie nouvelle ;
- L’épuisement de l’aidant principal ;
- La demande d’un hébergement de la personne âgée en EHPAD après que le maintien à domicile soit devenu trop difficile.
La procédure de réévaluation du GIR
Si votre proche vit à domicile, il faut contacter le service APA de son département de résidence, en justifiant la demande. Une nouvelle visite peut être organisée pour recalculer le GIR selon la grille AGGIR dans les deux mois suivant la demande. Une réévaluation du GIR peut entraîner une réévaluation de l’APA.
En établissement, généralement, c’est le médecin coordonnateur qui peut réévaluer le niveau de GIR, selon l’état général de son patient.
Quels sont les recours possibles en cas de désaccord ?
Lors d’une première évaluation, vous avez deux mois pour contester la décision d’évaluation du niveau de GIR : vous pouvez former un recours gracieux auprès du Président du Conseil départemental. Puis, en l’absence de réponse satisfaisante sous deux mois, saisir le tribunal administratif.
FAQ
Comment connaître le GIR d’un parent ?
Demandez une évaluation GIR via le service APA du Conseil départemental (ou auprès de l’EHPAD). Les critères reposent sur la grille AGGIR (17 activités).
Le GIR change-t-il en entrant en EHPAD ?
C’est possible. Si la personne âgée avait déjà été évaluée à domicile, L’EHPAD réévalue la situation pour fixer le niveau GIR en EHPAD, qui influe sur le tarif dépendance et sur le montant de l’APA en établissement.
Peut-on cumuler APA et crédit d’impôt ?
Non s’il s’agit de l’APA à domicile. Oui, si la personne est en EHPAD : elle peut alors bénéficier du crédit d’impôt sur la part effectivement payée pour l’hébergement et la dépendance dans l’établissement.
Quelle différence entre GIR 4 et GIR 5 ?
GIR 4 ouvre droit à l’APA (plafond 797,96 €/mois en 2025). GIR 5 n’ouvre pas droit à l’APA ; il correspond à une relative autonomie, avec seulement le besoin d’aide légère, surtout pour les tâches domestiques.
Le GIR influe-t-il sur le reste à charge en EHPAD ?
Oui, en EHPAD via le tarif dépendance (APA couvrant la différence au-delà du GIR 5-6, avec règles spécifiques et réforme en expérimentation dans certains départements).


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