Vous vous inquiétez des troubles de mémoire de votre parent âgé et vous ne savez pas s’il s’agit d’une dépression ou d’un début d’Alzheimer ? Si ces deux troubles ont des similitudes, ils présentent des signes et une évolution différents. Savoir les repérer permet non seulement de mieux comprendre ce que vit votre proche, mais aussi de pouvoir mettre en place les mesures et les accompagnements adaptés pour préserver son autonomie et sa qualité de vie. Voici les 8 différences majeures pour vous aider à faire la différence entre une dépression ou un début d’Alzheimer.

Pourquoi on confond souvent dépression et Alzheimer

Il est possible de confondre la dépression et la maladie d’Alzheimer, surtout aux premiers stades de ces troubles. En effet, les deux peuvent provoquer : 

  • des changements de comportement ;
  • une perte d’intérêt et de motivation ;
  • un ralentissement général ;
  • des difficultés à accomplir les tâches du quotidien ; 
  • de la fatigue ;
  • un repli sur soi ;
  • des troubles de la concentration ou de la mémoire.
Senior avec des symptômes de dépression et Alzheimer

Enjeu majeur : causes réversibles à ne pas rater (dépression, sommeil, carences, médicaments) vs trouble neurocognitif

L’un des enjeux essentiels pour les soignants est de distinguer une dépression ou d’autres causes réversibles (troubles du sommeil et de la mémoire chez les seniors, carences, effets secondaires médicamenteux) d’un véritable trouble neurocognitif comme Alzheimer.

Identifier correctement la dépression est essentiel, car contrairement à la démence, elle peut être traitée et parfois totalement résolue. Une évaluation médicale complète, incluant un entretien approfondi et des tests cognitifs adaptés, permet souvent de faire la différence entre une dépression « masquée » et un début d’Alzheimer.

Un diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer offre de meilleures chances de prise en charge, même s’il n’existe pas encore de traitement curatif à ce jour. Certains traitements médicamenteux (comme les inhibiteurs de la cholinestérase ou la mémantine) peuvent aider à maintenir les fonctions cognitives plus longtemps. Le diagnostic précoce permet aussi de mettre en place un accompagnement adapté pour préserver la qualité de vie du patient.

Dépression ou Alzheimer : 8 différences clés

Même si la frontière entre dépression et maladie d’Alzheimer peut sembler floue, certains indices cliniques permettent de les différencier plus précisément. Voici les principales différences à connaître.

Aspect comparéDépressionMaladie d’Alzheimer (début)
Début et évolutionApparition brutale, en quelques semainesInstallation progressive, sur plusieurs mois ou années
Humeur et perte d’intérêt (anhédonie)Tristesse profonde et perte marquée de plaisirHumeur parfois normale au début, perte d’intérêt moins marquée
Plainte amnésiqueLa personne se plaint beaucoup de sa mémoireLe patient avec un début d’Alzheimer minimise ses difficultés ou n’en a pas conscience (anosognosie)
Type d’oubliLié à un manque d’attention ou de concentrationTouche la mémoire épisodique récente (événements, rendez-vous, conversations)
Fluctuations jour/nuitVariations marquées selon le moment de la journée, souvent liées au sommeilDésorientation progressive, sans lien clair avec les cycles jour/nuit
Impact sur l’autonomieManque de motivation, lenteur, apathieErreurs dans les gestes du quotidien (utiliser un objet, gérer son argent, etc.)
Réponse aux repèresAmélioration lorsqu’on soutient ou encourage la personnePersistance des troubles malgré les indices ou l’aide apportée
Réponse au traitementAmélioration possible avec un suivi médical et psychologiqueProgression malgré le soutien, bien qu’une prise en charge adaptée puisse ralentir les effets

En résumé, la dépression affecte surtout la concentration, tandis que la maladie d’Alzheimer touche surtout la mémoire à court terme. On parle alors de perte de mémoire immédiate.

Chez un patient suspecté d’Alzheimer, les signes de dépression plus marqués, comme l’angoisse ou la perte d’intérêt, apparaissent généralement plus tard, environ quatre à cinq ans après les premiers symptômes.

Il faut aussi savoir que la dépression, la méfiance et parfois des comportements paranoïaques chez certains patients sont souvent la conséquence de l’anxiété et du stress provoqués par la maladie.

Enfin, la dépression chez les personnes atteintes d’Alzheimer ne se manifeste pas toujours comme une dépression « classique ».

Elle est souvent plus modérée, plus brève et les patients expriment rarement des idées suicidaires. Les symptômes peuvent aussi fluctuer (apparaître puis disparaître), alors que dans une dépression majeure, ils ont tendance à s’aggraver avec le temps.

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Ce que vérifie le médecin (et pourquoi)

Si votre proche présente des symptômes de dépression et a des pertes de mémoire, il est nécessaire de l’emmener faire un bilan chez un médecin.

Bilan initial : histoire des symptômes, médicaments en cours, sommeil, humeur

En cas de doute, le médecin commencera par relever l’histoire des symptômes de votre proche, ses médicaments, la qualité de son sommeil et son humeur. Cela permet de repérer des causes réversibles ou des facteurs aggravants et de décider des examens suivants.

Tests de mémoire dépression vs Alzheimer

De brèves épreuves d’attention et de mémoire pourront être réalisées pour évaluer les fonctions cognitives de votre proche. Ces tests donnent une première indication, mais ne remplacent pas un diagnostic complet.

Le médecin pourra notamment utiliser le test MMS (Mini Mental State Examination) qui évalue les fonctions cognitives, ou encore le test de Dubois, centré sur la mémoire.

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Senior qui fait des tests de mémoire dépression vs Alzheimer avec un médecin

Examens de 1ʳᵉ intention : biologique (causes réversibles), +/- imagerie selon indication

Des analyses biologiques peuvent être prescrites pour détecter des causes réversibles (carences, troubles hormonaux, effets secondaires de médicaments). Selon la situation, une imagerie cérébrale pourra être envisagée pour compléter l’évaluation.

Parcours de soins : dans quel ordre consulter

Il n’est pas toujours simple de savoir comment agir et par quoi commencer lorsque son proche présente des symptômes de dépression ou des pertes de mémoire.

1. Médecin traitant d’abord

Commencez par consulter le médecin traitant de votre proche, qui fera un premier tri des symptômes et pourra l’orienter vers le spécialiste le plus adapté.

2. Gériatre

Un gériatre sera recommandé si votre proche présente des fragilités, une polymédication ou une autonomie en baisse, afin d’évaluer globalement sa santé et ses besoins de soutien.

3. Neurologue

Si vous suspectez un trouble neurocognitif débutant ou atypique, le neurologue pourra affiner le diagnostic et proposer une prise en charge adaptée.

Que faire en attendant le diagnostic ?

En attendant le diagnostic entre dépression vs début d’Alzheimer, il est possible de mettre en place quelques habitudes simples pour le bien-être de votre proche. Vous pouvez l’aider ou l’encourager à : 

  • maintenir une routine de sommeil régulière ; 
  • réaliser des activités douces et stimulantes comme des jeux de mémoire ou des activités musicales ; 
  • marcher 15 à 20 minutes chaque jour si possible. 

N’oubliez pas de vérifier qu’il boit suffisamment d’eau. Offrez-lui des repas réguliers et équilibrés pour soutenir son énergie et sa santé globale.

FAQ

Comment savoir si c’est une dépression plutôt qu’Alzheimer ?

Seul un médecin peut trancher, mais certains signes diffèrent : dans la maladie d’Alzheimer, les troubles apparaissent lentement, la mémoire récente est touchée et le patient peut minimiser ses difficultés, tandis que dans la dépression, les symptômes surviennent rapidement, l’attention et la concentration sont affectées, et le patient se plaint beaucoup.

Est-ce que la dépression peut donner de « faux trous de mémoire » ?

Oui, la dépression peut provoquer des oublis liés à l’attention et à la concentration, sans atteinte réelle de la mémoire à long terme.

Quels examens sont faits en premier ?

Le médecin commence par un bilan clinique, des tests cognitifs simples et des analyses biologiques pour détecter d’éventuelles causes réversibles.

Perte de mémoire ou dépression : que faire ?

Consultez votre médecin pour évaluer la cause : un bilan médical et des tests cognitifs aideront à distinguer une dépression d’un trouble de la mémoire lié à Alzheimer.

Quand faut-il consulter rapidement ?

Il faut consulter rapidement si votre proche présente une aggravation rapide des symptômes, des idées suicidaires, des signes d’agressivité ou une perte soudaine d’autonomie.

La mémoire s’améliore-t-elle avec un traitement antidépresseur ?

Oui, la mémoire peut s’améliorer partiellement avec un traitement antidépresseur si les troubles étaient liés à la dépression plutôt qu’à un trouble neurocognitif.