À 75 ans, votre père s’agace de ses trous de mémoire de plus en plus fréquents : oubli du nom d’un ami, clés perdues, rendez-vous médical raté… Votre mère s’inquiète de ces symptômes, craignant l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Avec près d’1,4 million de personnes atteintes, elle est effectivement la pathologie neurodégénérative la plus répandue chez les personnes âgées.
Mais toutes les personnes ayant des troubles de mémoire ou des épisodes de confusion ne sont pas atteintes de cette maladie, il existe de nombreuses autres causes de troubles cognitifs souvent moins préoccupantes. Cet article vous aide à distinguer les signes, comprendre ce qui se passe dans le cerveau, et savoir quand consulter pour protéger la santé et la qualité de vie de la personne.
Troubles de la mémoire ou du comportement : de nombreuses causes possibles
On associe souvent à tort des pertes de mémoire ou des petits épisodes de désorientation à la maladie d’Alzheimer. Or, ces symptômes peuvent avoir des causes bien différentes.
Un effet naturel du vieillissement chez les personnes âgées
Le vieillissement est la cause première des troubles de la mémoire : l’atteinte de la mémoire liée à l’âge est un déclin léger de la fonction cérébrale. Elle est normale. Avec l’âge, la gaine de myéline entourant et protégeant les neurones devient moins efficace. Résultat : un ralentissement des échanges neuronaux qui affecte la mémoire. Le phénomène peut être accentué par une diminution de l’attention, également provoquée par l’âge.

Démences et troubles cognitifs : de nombreuses pathologies neurodégénératives
La maladie d’Alzheimer est le type de démence neurodégénérative le plus répandu. Elle se définit par l’accumulation de plaques amyloïdes et d’agrégats de protéine tau qui altèrent progressivement les fonctions cognitives (mémoire, langage, orientation). Ces lésions cérébrales évoluent sur des années avant les symptômes, expliquant une progression lente et continue de la perte d’autonomie. La maladie se manifeste généralement par :
- Des atteintes de la mémoire récente,
- Puis la perturbation de plus en plus marquée des fonctions exécutives, handicapant les personnes dans leur vie quotidienne,
- Des troubles du langage et de la motricité,
- Des épisodes de désorientation et, dans certains cas, des crises agressives.
Il existe d’autres maladies dont les symptômes peuvent se rapprocher d’Alzheimer, en particulier :
- La maladie à corps de Lewy : à la différence d’Alzheimer, elle entraîne des hallucinations, des troubles du sommeil paradoxal et des signes parkinsoniens : raideur des articulations. Des traitements symptomatiques peuvent en ralentir la progression.
- La maladie de Parkinson touche les fonctions motrices : ralentissement des gestes, difficultés à initier un mouvement, à écrire, rigidité des membres, tremblements, mais aussi problèmes de concentration, anxiété et déprime.
- Les démences fronto-temporales sont causées par un dysfonctionnement de régions frontales et temporales du cerveau. En conséquence, les patients souffrent d’apathie, de modifications du comportement alimentaire (binge eating, modification des préférences alimentaires…), de pertes de convenances sociales, de comportements désinhibés.
AVC, carences, médicaments : les autres causes de troubles cognitifs
Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) interviennent par l’occlusion d’une artère ou par un saignement dans le cerveau. Mortels dans de nombreux cas, ils peuvent causer des paralysies, mais également entraîner des perturbations moins spectaculaires, et être difficilement discernables. Certains AVC entraînent ainsi des déficits cognitifs, troubles de la mémoire, de la parole ou de la concentration.
D’autres facteurs peuvent également occasionner des troubles de la mémoire et des épisodes confusionnels : des carences nutritionnelles, en particulier celle de la vitamine B12 (que l’on trouve dans les viandes et les œufs entre autres), la prise de certains médicaments (sédatifs, antidépresseurs…) ou encore des troubles de la thyroïde peuvent provoquer un délirium, un trouble provisoire réversible.
Comment distinguer Alzheimer des autres maladies ?
Les professionnels de santé analysent les symptômes, les circonstances de leur apparition ainsi que leur évolution pour établir un diagnostic.
- Apparition progressive ou brutale des premiers symptômes : Alzheimer, maladie à corps de Lewy ou Parkinson s’installent très progressivement. À l’inverse, les DLFT sont d’apparition plus brutale, de même que les conséquences d’AVC.
- Le profil cognitif : en Alzheimer, l’amnésie épisodique (incapacité de retenir une information nouvelle) est un élément visible et majeur de la maladie ; dans un AVC, ce sont souvent l’attention et les fonctions exécutives qui sont touchées dès l’apparition des symptômes ; dans la maladie à corps de Lewy, l’attention fluctue et on retrouve des hallucinations et des troubles du sommeil paradoxal.
- Grâce aux analyses biologiques et à l’imagerie, les spécialistes peuvent repérer l’origine des troubles : la recherche s’appuie sur les plaques amyloïdes et la protéine tau anormale pour confirmer la maladie dans certains parcours spécialisés.
Les signes d’alerte qui imposent une prise en charge rapide de la personne âgée
Voici les principaux signes qui doivent attirer l’attention et conduire à une consultation médicale en urgence :
- L’apparition soudaine de confusion, d’agitation, de somnolence marquée ou de troubles du langage ;
- Chutes répétées (au moins deux fois dans une année), désorientation majeure, déshydratation, refus de boire ou de manger ;
- Hallucinations visuelles, idées délirantes, fluctuations importantes d’un jour à l’autre : évoquer une démence à corps de Lewy et éviter certains neuroleptiques qui peuvent aggraver la situation.
Dans tous ces cas, la suspicion de l’apparition d’une maladie neurodégénérative ou d’un AVC doit être interrogée.
Protéger la personne présentant des troubles de la mémoire et un début de démence
Qu’il s’agisse d’une maladie neurodégénérative, d’un AVC ou du simple effet du vieillissement, les proches d’une personne âgée présentant des troubles de la mémoire peuvent proposer un environnement sécurisant et bienveillant :
- Accompagner le proche chez un médecin pour un diagnostic précoce ;
- Rester calme face aux trous de mémoire de son proche, en faisant preuve d’empathie et de compréhension. Ne pas stresser le senior, mais le rassurer ;
- Proposer des activités qui stimulent les fonctions cognitives : jeux de réflexion, activités créatives (peinture, poterie, chant…) et physiques (danse, yoga…), évoquer ses souvenirs par des albums photo ;
- L’aider à conserver une vie sociale : la perte de mémoire peut être un motif de se replier sur soi. En visitant régulièrement son proche, en lui faisant souvent rencontrer ses amis et sa famille, en le faisant participer à des activités de groupes, on évite cet isolement très néfaste.
Tous les épisodes de confusions et les pertes de mémoire ne relèvent pas de la maladie d’Alzheimer. Simple effet naturel du vieillissement, maladie à corps de Lewy, maladies vasculaires, carences, troubles de la thyroïde ou encore effets de médicaments : les causes sont multiples et peuvent souvent être traitées. En étant vigilant, en cherchant à bien identifier les symptômes et en agissant tôt, il est possible d’améliorer le bien-être d’un proche.

FAQ
Quels signes permettent de différencier une confusion passagère de la maladie d’Alzheimer ?
La confusion aiguë débute brutalement et s’accompagne souvent d’un facteur déclenchant (infection, déshydratation, médicament). La maladie d’Alzheimer s’installe progressivement avec des troubles de mémoire et d’orientation qui s’aggravent lentement. L’épisode aigu relève d’une urgence médicale.
Quand faut-il consulter en urgence face à des troubles de mémoire ou de comportement ?
Consultez rapidement si l’apparition est brutale, si la personne est somnolente, agitée, fébrile, si elle a des troubles de l’équilibre ou présente des propos incohérents. Une douleur aiguë, une infection, une hypoglycémie ou un AVC peuvent générer un trouble cognitif.
Quels examens pour établir un diagnostic et à quoi servent-ils ?
Le médecin réalise des tests cognitifs (MMSE, MoCA…), un examen clinique et vérifie vue, audition, humeur, sommeil. Des analyses sanguines permettent de trouver d’éventuelles causes métaboliques ou carentielles. Grâce à l’imagerie (IRM/scan) on peut dépister des lésions vasculaires.
Quelles démences autres qu’Alzheimer et quels signes distinctifs ?
La maladie vasculaire suit souvent un AVC, avec marche ralentie et troubles exécutifs. La maladie à corps de Lewy associe fluctuations, hallucinations visuelles et rigidité. La dégénérescence lobaire fronto-temporale débute par des changements de personnalité ou du langage.
Les troubles de mémoire peuvent-ils être réversibles ?
Oui, dans plusieurs situations : confusion aiguë provisoire, dépression, effets indésirables de médicaments, carences (B12), troubles thyroïdiens, déshydratation.
Quels médicaments peuvent aggraver la confusion et comment en parler au médecin ?
Les sédatifs, benzodiazépines, anticholinergiques (certains antihistaminiques, antispasmodiques), opioïdes ou polyprescriptions peuvent troubler l’attention. Consultez le médecin avant d’arrêter éventuellement la prise d’un médicament.
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